Leadership et raccourcis des armes : cas de la RDC

Article : Leadership et raccourcis des armes : cas de la RDC
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5 novembre 2013

Leadership et raccourcis des armes : cas de la RDC

Si certains ont découvert beaucoup de similitudes entre leadership et art de la guerre, d’autres, résument exclusivement leur leadership à leur capacité à user des armes au gré de leurs intérêts. Ainsi pour les uns, le leadership est l’art de la guerre appliqué à la gestion des hommes, des organisations et des entreprises. Tandis que pour les autres, le leadership se limite à l’usage des armes, des appareils répressifs de l’Etat, voire de la guerre. La République Démocratique du Congo fait malheureusement partie de ce deuxième  groupe.

Tandis que le M23 agonise, pour le plus grand bonheur des populations du Nord-Kivu et le soulagement des observateurs, les autorités de Kinshasa jubilent. L’on ne reprochera certainement pas aux autorités de RDC de se réjouir de la descente aux enfers du M23, cette rébellion qui a semé tant de désolation à l’est du pays. La sécurité et l’intégrité territoriale ne sont pas des devoirs régaliens d’un Etat ? Cependant l’approche simpliste qu’ont les autorités à ramener tous les problèmes du pays à la situation sécuritaire  n’est ni objective, encore moins rassurante.

De toute évidence, la solution militaire ne peut être durable dans la résolution des crises  successives que la RDC a connu au cours de ces dernières années. Et si les acteurs extérieurs  font pression sur les parties belligérantes pour qu’elles s’asseyent à la table des discussions, il ne faut pas perdre de vue que le réel problème de la RDC demeure  la piètre qualité du leadership de sa classe dirigeante. L’on a tendance à s’occuper exclusivement des conséquences, en ignorant les causes de celles-ci. La pacification du territoire et la bonne gouvernance sont en réalité les principaux défis à relever après la réunification du pays. Il faut inciter davantage les dirigeants congolais  à œuvrer pour un leadership vrai, en lieu et place des raccourcis qu’ils empruntent. En effet pour remettre la RDC sur la voie de la paix et du développement, il faut :

  • Plus de démocratie sur les bords du fleuve Congo ;
  • Davantage de respect des droits de l’homme, des libertés individuelles et collectives ;
  • Une meilleure gestion et une meilleure répartition des richesses nationales.

Ce message est également valable pour les opposants et autres acteurs de la société  en République Démocratique du Congo. Car autant le raccourci des armes doit être proscrit dans la gestion des affaires, autant il ne peut être toléré comme moyen de conquête du pouvoir. Au-delà du raccourci des armes, il s’agit de bannir tous types de raccourcis anti-démocratiques. C’est une invite aux opposants à s’unir pour bâtir une alternative crédible face aux dérives du régime actuel. C’est à ce prix que les populations de la RDC pourront s’épanouir et bénéficier des nombreuses richesses de leur vaste pays.

L’organisation des concertations nationales a fait naître l’espoir, celui d’une occasion consacrant l’unité des fils et filles de la RDC autour des enjeux du pays. Mais hélas, celles-ci sont venues mettre de nouveau à nu la profonde division qui règnent sur les bords du fleuve Congo, tant les intérêts égoïstes sont exacerbés. En effet pour des motifs divers, une grande partie de l’opposition a boycotté lesdites concertations. D’aucun seraient tentés de dire que la RDC n’en serait pas là aujourd’hui si autant de raccourcis anti-démocratiques n’avaient pas été orchestrés dans le passé. Ce qui n’est pas faux, mais pourrait faire l’objet d’une autre réflexion. Mais l’urgence me semble être les solutions pour sortir de  cette triste spirale.

En définitive, dans la gestion des affaires d’une nation, le leadership exige  une parfaite maitrise de l’art de la guerre, entendez au sens propre comme figuré. Cela dit, les instruments répressifs de l’Etat doivent demeurer républicains pour la consolidation de la démocratie sous nos tropiques. Dans le cas spécifique de la République Démocratique du Congo, l’on ne peut que se réjouir de la fin de la rébellion du M23,  et espérer vivement que les acteurs de ce pays unissent leurs efforts pour faire face aux problèmes existentiels qui minent le quotidien des populations de cet immense et riche pays.

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