Mutinerie des soldats Ivoiriens : Quand nos autorités n’inspirent plus confiance

Article : Mutinerie des soldats Ivoiriens : Quand nos autorités n’inspirent plus confiance
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14 janvier 2017

Mutinerie des soldats Ivoiriens : Quand nos autorités n’inspirent plus confiance

Tout est parti de Bouaké, ce 6 janvier 2017. L’année commença cette fois en musique ; une bien triste et sombre musique. Les armes ont encore parlé à travers le Côte d’Ivoire. Du moins des gens ont encore fait parlé les armes. Des éléments des Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) se sont en effet mutinés dans la quasi-totalité des régions militaires du pays. Motif : Revendications relatives à l’amélioration des conditions de vie et de travail. Moi qui croyait que ces revendications étaient déjà réglés depuis la dernière mutinerie de 2014. Mais j’ai réalisé que nenni, dès que j’ai entendu le Ministre de la défense, puis le président de la république  Himself parlé d’une « démarche compréhensible…  » Et au moment même où je rédige ces lignes, j’entends encore des tirs ce soir. Renseignement pris, il s’agit de tirs pour maintenir la pression sur le gouvernement afin qu’il tienne cette fois ses promesses.

L’art gangreneux de déplacer les problèmes

Sur les bords de la lagune Ebrié, l’on est devenu expert du déplacement des problèmes. Au gré des saisons, ceux sont ainsi balancés d’une rive à une autre sans y apporter un début de solution. Parait-il, la politique serait l’art de déplacer les problèmes sans jamais les résoudre. Code d’un vieux logiciel. Ils promettent, sans jamais tenir leurs engagements. Conditions de vie des populations, redistribution des effets de la croissance, allègement du coût de la vie, traitement des revendications corporatives, lutte contre la corruption : Qu’est-ce que nos autorités n’ont pas promis sur ces sujets, mais qu’avons-nous vu jusqu’à présent ? Presque rien, sinon de nouvelles promesses des mêmes  beaux parleurs et les mêmes commentaires élogieux de leurs griots.

Cette attitude pour le mieux irresponsable de ceux qui sont censés nous donner l’exemple n’est pas sans conséquence. Loin s’en faut !

Déficit de confiance – défiance – désordre

Voici le triptyque auquel nos dirigeants poussent l’opinion nationale. Nous en sommes encore au premier niveau, mais pouvons voir déjà apparaître les signes annonciateurs du second. Aujourd’hui la parole public et les Hommes qui le portent n’inspirent que très peu confiance. Si vous ne le saviez pas, laissez-moi vous surprendre : Pour l’opinion vous êtes tous des manipulateurs, des menteurs, voire des voleurs. Vous n’êtes qu’un club d’amis qui en se protégeant mutuellement se sucre sur nos dos, sans oublier de nous affamer et nous tuer à petit feu. La confiance a foutu le camp, bonjour la défiance.

Poussez le peuple au désespoir, et il le ramènera un jour ou l’autre dans votre face. Les manifestations contre la CIE n’en étaient qu’une illustration. Cette mutinerie des soldats ne vient que confirmer la donne. Et les choses ne s’arrêteront pas, jusqu’à ce qu’un désordre généralisé s’installe. Ne voyez-vous pas le faussé des inégalités qui se creuse à vitesse exponentielle ? Et vous pensez que cela restera sans conséquence ? Dans vos rêves les plus fous. SVP ne poussez pas à bout ce peuple pacifique, assoiffé de paix, de stabilité et de progrès. Pour une fois soyez responsables, trouvez solutions à ces problèmes dont vous êtes en réalité les vrais auteurs, au lieu de poursuivre votre sport préféré : la fuite en avant.

Trouvez-moi un bouc-émissaire

Quand les troubles gagnent nos universités ; le pouvoir est victime d’un complot.

Lorsque les fonctionnaires entre en grève ; ils suivent un agenda politique.

Les transporteurs parlent des problèmes que vous leur créer ; ils veulent salir le Président.

Les souscripteurs aux logements sociaux s’interrogent ; ils sont de mauvaise foi.

Les soldats réclament ce que vous leur aviez promis ; ils sont manipulés par monsieur X.

Vous n’êtes jamais responsables de quelque chose, c’est bien. C’est même très très bien. Je ne savais pas que vous étiez des petits anges que Dieu nous avait envoyé pour opérer le miracle de l’émergence. Et que nous devrions par conséquent vous suivre sans murmurer, ni ouvrir les yeux.

Je vous souhaite bonne chance dans votre chasse aux bouc-émissaires. J’espère vivement que vous en trouverez beaucoup. Et je prie que la poursuite de l’un de ses boucs ne vous conduise surtout pas au fond du gouffre.

Sauvons notre pays d’une nouvelle aventure

A un moment il faut arrêter de piétiner, il faut avancer. Il faut se dire qu’au-delà de nos différences politiques, il y a une Côte d’Ivoire à laisser à nos enfants. Et l’intérêt supérieur de cette nation nous commande l’abandon des calculs claniques et égocentriques. Commençons par restaurer la confiance entre le peuple et ses dirigeants. Cela est fondamental dans une démocratie, pour ne pas en arriver à une défiance puis un désordre généralisés.  Si l’autorité de l’Etat se respecte, c’est parce qu’elle commence elle-même par se faire respecter par le respect de ses engagements. Ce message était d’ailleurs au cœur de ma campagne lors des élections législatives que j’ai perdu à Bouaflé, ce n’est que partie remise.

Parce que pour restaurer cette confiance, nos institutions doivent faire leur travail. A commencé par cette Assemblée nationale qui se doit d’incarner vraiment les aspirations du peuple qu’il représente. Elle doit se donner un tant soit peu les moyens pour freiner certaines tentations de « libéralisme sauvage » auxquelles nous assistons.

Enfin le peuple lui-même doit savoir se faire entendre. Chers compatriotes, les dirigeants de façon générale sont des prédateurs insatiables. Si nous leur donnons carte blanche sans un droit de regard, ils ne mangeront un à un jusqu’au dernier. Tel un loup chargé de garder le troupeau. L’éveil des consciences citoyennes est un impératif pour garantir la viabilité de notre fragile démocratie. Et ma foi chacun à un humble niveau peut y contribuer. On est ensemble, on reste ensemble !

 

DIAKITE Tawakkal

Leader d’opinions

Président d’honneur de Jeunesses Sans Frontières

Président du Gouvernail Citoyen

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