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A la rencontre des jeunes Atchan de l’ONG « RAJAG Paix et Développement »

Communément appelé « Ebrié », la communauté Atchan est un peuple lagunaire de la Côte d’Ivoire. Ils sont en occurrence les propriétaires terriens d’Abidjan et ses environs. C’est pourquoi pour parler parfois d’Abidjan, vous entendrez l’expression « sur les bords de la lagune Ebrié ». Ce dimanche 27 Octobre 2013, dans le cadre d’une tournée d’information et  de mobilisation de la confédération « Jeunesses Sans Frontières » (J.S.F.), nous sommes allés à la rencontre des jeunes Atchan réunis au sein de « RAJAG Paix et Développement » (Rassemblement des Jeunes Atchan Gotho, Paix et Développement). C’est le village de Blockhauss qui abrita cette rencontre. Blockhauss est l’un des villages Ebrié situé dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan. Précisément dans la commune résidentielle de Cocody.

En ma qualité de Président en exercice de Jeunesses Sans Frontières, je conduisais la délégation. Nous arrivâmes à Blockhauss à 16 h 00, heure convenue pour entamer la rencontre. Mais sans surprise, sur le lieu de la réunion les chaises disposées pour la circonstance étaient encore quasiment vides. C’est ce que nous appelons ici « l’heure Africaine », pour mettre en évidence le fait que la ponctualité ne fait pas partie de nos habitudes. Pour une activité programmée pour 10 h 00, en appliquant l’heure Africaine au programme, elle commencera au mieux à 11 h 00, sinon 12 h 00. Dans ce contexte, j’estime qu’il faut commencer par donner l’exemple, en étant ponctuel à chaque rendez-vous. Quand l’on prône un leadership nouveau, le minimum est d’incarner le changement et le sérieux. Après une attente de trente minutes, la réunion pouvait enfin commencer. Les principaux responsables du RAJAG étaient présents, mais en plus d’eux la chefferie de Blockhauss a dépêché deux (02) émissaires pour assister à la rencontre. Cette démarche de la chefferie m’a marqué, car j’ai parcouru beaucoup  de village à travers la Côte d’Ivoire, où j’ai vu la chefferie se désengager de tout ce qui concerne la jeunesse.

Après les formalités d’usage, nous entrâmes dans le vif du sujet. J’expliquai en ces termes les bien-fondés de Jeunesses Sans Frontières : « Aujourd’hui la Côte d’Ivoire est entrée sans une ère nouvelle, avec la promesse de l’émergence à l’horizon 2020. Vis-à-vis de cette ambition que nous saluons, je ne cesse de répéter que sans une jeunesse nouvelle, le projet d’une Côte d‘Ivoire émergente demeure utopique. Il urge que nous sonnons l’avènement d’une jeunesse nouvelle ; une jeunesse unie par-dessus ses différences légitimes ; des jeunes fondamentalement responsables ; une jeunesse entreprenante et travailleuse. C’est le message de cette jeunesse nouvelle que nous sommes venus vous partager. Afin que, nous l’espérons bien, vous puissiez vous joindre à notre vision, et promouvoir cette dynamique… »

Prenant la parole, le Président du RAJAG, M. N’CHOKO Stanislas s’est réjoui de la démarche de Jeunesses Sans Frontières et a souligné la concordance de vision de nos deux (02) structures. Il laissera ensuite la parole aux membres de sa structure pour poser leurs éventuelles questions. Au chapitre des questions, l’essentiel se résumait aux modalités de l’affiliation du RAJAG à JSF, ainsi qu’à la marge de manœuvre de JSF quant à la réalisation de ses objectifs. Donnant suite à ces préoccupations, nous rassurâmes nos interlocuteurs quant aux modalités d’affiliation. En ce sens que l’affiliation a pour but de fédérer nos énergies au sein d’une plateforme pour plus d’efficacité, cependant chacune des structures membres garde sa pleine autonomie.  Pour la préoccupation relative à la marge de manœuvre exacte de J.S.F.  pour l’atteinte de ses objectifs, via l’amélioration de la condition des jeunes, je répondis en ces termes : « Nous ne viendrons pas vous tenir un discours démagogique, au gré de promesses irréalistes. Ce n’est pas notre rôle en tant qu’une organisation de la société civile de financer des projets, de résoudre le problème de l’emploi, et de toute façon nous n’en n’avons pas les moyens. Notre rôle, et nous demeurons dans celui-ci, consiste à créer les conditions pour l’épanouissement des jeunes. Il s’agit d’agir pour une société en phase avec les valeurs de paix, de démocratie, de justice sociale. C’est ainsi que nous jetterons les fondements d’une Côte d’Ivoire stable et prospère, où chaque citoyen retrouvera sa dignité. Cela dit, notre structure cherche des opportunités de financement de projets et d’intégration socioprofessionnelle pour ses membres, tant auprès des partenaires nationaux et internationaux. Tout dépend en réalité de la pertinence des projets des uns et des autres et du profil de chacun.

Cependant, somme toute, ne nous voulons pas la face, la capacité de mobilisation des ressources matérielles et financières d’une organisation est intimement à la crédibilité que celle-ci inspire. Alors avant de se poser la question de nos moyens d’actions, je préfère que nous nous posions la question à savoir si nous sommes assez crédibles pour mériter des ressources. Nous travaillons sans cesse pour faire de JSF une organisation crédible sur tous les plans, visitez notre site Internet www.jsfmonde.org pour plus d’informations à cet effet. Et j’espère vivement que le RAJAG viendra renforcer la crédibilité de J.S.F. Nous sommes certes jeunes, mais nous ne sommes plus des gamins, apprenons à bâtir durablement. Demain commence aujourd’hui.»

Suite à cette phase de questions-réponses, satisfaits, le RAJAG par la voie de son Président s’engagea à rejoindre J.S.F.  , afin d’œuvrer pour une jeunesse forte au service de la Côte d’Ivoire nouvelle.

Pour clore les échanges, les émissaires de la chefferie ont souhaité que J.S.F associe toute la jeunesse des 60 villages Atchan  à ses activités et que les responsables de cette structure fassent preuve de beaucoup de détermination pour réussir leur noble mission. A la suite de ces sages, la chefferie de Blochauss nous a offert le cocktail à la fin de la rencontre, j’ai été agréablement surpris par ce geste.

J’ai parfois entendu que les Ebrié, particulièrement ceux de Blockhauss étaient le peuple le plus paresseux de l’Afrique de l’ouest. Ce n’est pas l’impression que j’ai eu après cette rencontre. Les membres de la délégation m’ont traduit leur étonnement quant à l’état d’esprit et la motivation de nos interlocuteurs. Espérons que cette impression se confirmera au fil du temps, il y a un début à toute chose. C’est ainsi que nous espérons relever le défi du leadership nouveau pour une Côte d’Ivoire émergente.



Quel leadership pour la CEDEAO?

La CEDEAO, entendez Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Cette organisation intergouvernementale créée le 28 mai 1975, regroupe les Etats de l’Afrique de l’Ouest, 15 pays à ce jour. Au départ le rôle de la CEDEAO était purement économique, mais progressivement elle s’est intéressée au maintien de la paix. Où en est aujourd’hui l’action de la CEDEAO ? Quel leadership sous-régional en l’Afrique de l’ouest ? très loin de prétendre à un quelconque bilan de la CEDEAO, cet édito n’est qu’un coup d’œil d’un observateur, dans l’espoir de suscité plus d’intérêts chez d’autres observateurs vis-à-vis de l’action de cette organisation.

A l’instar des organisations sœurs, la CEDEAO ne chôme pas, tant les actualités brûlantes en appellent à l’action. D’ailleurs le dernier sommet de la CEDEAO s’est tenu hier, 25/ 10 / 2013. Un sommet extraordinaire dans la capitale Sénégalaise, Dakar. Ce sommet portait sur les accords de partenariat économique (APE) que négocie la CEDEAO avec l’Union européenne (UE) depuis plusieurs années, le Tarif Extérieur Commun (TEC) et d’autres questions économiques. Aux nombres desquelles le calendrier pour la création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest en 2020. Toute chose qui confirme les avancées de cette organisation sur les dossiers économiques. En effet parmi les organisations sous-régionales du continent, la CEDEAO mérite d’être citée en exemple quant à ses résultats en matière d’intégration économique.

Cependant concernant les questions d’ordre politique, les questions de paix et de sécurité,  j’estime que le leadership de la CEDEAO est victime de grosses ambiguïtés. Les leaders de la sous-région font preuve d’un manque de vision, et usent d’improvisation face à des sujets capitaux. Bientôt les trente (30) ans de la CEDEAO, et l’organisation n’est pas encore  doté d’un dispositif viable de prévention des conflits et de maintien de la paix. Lorsqu’une crise éclate, il faut attendre des dizaines de sommets, parfois aux résolutions contradictoires, avant de voir les premières solutions émerger. Les dernières crises du Mali et de la Guinée-Bissau sont venues, si besoin l’était, mettre en évidence les insuffisances de la CEDEAO. Tandis que l’on peut lui reconnaitre quelques réussites dans le dossier Malien, son isolation concernant les solutions de sortie de crise en Guinée-Bissau devrait être en mon sens le catalyseur d’une prise de conscience. Dans une région où les institutions démocratiques sont aussi fragiles comme l’Afrique de l’ouest, le rôle d’une organisation comme la CEDEAO est primordiale. C’est pourquoi je suis de ceux qui pensent qu’il faut exiger beaucoup de la CEDEAO, afin que cette institution joue pleinement son rôle dans le développement économique, social et démocratique de l’Afrique. Et pour que le leadership de la CEDEAO cet rayonnement ambitieux, il faudra qu’il émerge une société civile assez exigeant envers les dirigeants. Autrement, tant que les populations de l’espace CEDEAO seront indifférentes quant à la marche de cette organisation, celle-ci risque de se contenter d’un service minimum.


Nième crise de leadership en Côte d’Ivoire : « Dans la maison du Père !»

En Côte d’Ivoire les crises de leadership se suivent et se ressemblent, hélas ! Depuis la crise postélectorale de 2010, entre MM Laurent GBAGBO et Alassane OUATTARA, le phénomène de bicéphalisme à la tête des organisations a connu une croissance préoccupante. En ce moment même l’Africa Sports continue de se chercher un président, car KONE Cheick Oumar et Vagba Alexis s’empoignent pour le même fauteuil. Il y a trois (3) mois c’était  l’Union des Ressortissants Membres de la CEDEAO résidant en Côte d’Ivoire (UREM-CEDEAO-CI) qui se retrouvait avec 3 présidents, des chefs de communautés SVP ! Aux dernières nouvelles je ne sais pas où en sont Nanan Appiah, Yacoubi Laurent et Al Hassann Demba dans leur honteuse guéguerre. Je ne vous parlerai même pas de la dissidence en cours, au sein du parti Mouvement des Forces d’Avenir (MFA) de M. Anaky KOBENA. La crise qui retient l’attention de cet article est bien particulière. Il ne faut pas trop en parler, dans la maison du Père il ne faut pas être trop bavard. Néanmoins vu les similitudes qui existent entre celle-ci et toutes les crises précédentes, j’ai décidé de lever un point de voile sur cette crise « Dans la maison du Père !».

Il s’agit d’une communauté religieuse, qui organisait le week-end dernier (20/10/2013) une élection pour renouveler une partie de ses instances jeunes. Presqu’une semaine après, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’une crise ouverte couve dans cette communauté. Et l’on s’attèle à colmater les brèches, comme d’habitude. « Il faut que nous préservions l’institution… », s’exclamait ainsi hier l’un des leaders nationaux de cette communauté face aux jeunes qui l’on appelle désormais  « la dissidence ». Mais comment en sont-ils arrivés à ce stade ?

D’abord le comité chargé de l’organisation des élections rejette les candidatures de deux membres d’une liste. Par solidarité et par stratégie, les responsables de cette liste se retirent du scrutin, et décident que leurs sections s’abstiennent de voter. Selon leur interprétation des textes, cette décision devait entrainer le blocage du processus électoral. Car en principe, l’élection n’est valide qu’après qu’une liste ait obtenu la majorité absolue des sections présentes. Ce qui ne serait pas possible avec l’abstention de la moitié des sections présentes. Contrairement à cette lecture « des dissidents », l’élection eut lieu, et fut validée avec la majorité absolue des sections ayant effectivement pris part au scrutin. Résultat ; convaincu de leur majorité, « les dissidents » décident de déstabiliser le fonctionnement des instances. Une Nième crise de leadership est née. Toute chose qui inquiète les responsables de la communauté, car cette situation inédite pourrait entrainer des graves conséquences. « C’est incroyable, c’est une première. Nous nous retrouvons comme dans une situation politique… », s’exclamait encore ainsi un leader national de ladite communauté. En effet les mêmes causes, produisent très souvent les mêmes conséquences.

De l’exclusion de certains candidats pour des raisons contestables, jusqu’au déroulement du scrutin dans des conditions ambiguës, l’on se retrouve face à un problème : l’interprétation des textes. Les crises successives qui ont ébranlées, et continuent de tenir en haleine nombre d’organisations, se ramène tous à ce même problème. Chacun interprète les textes en sa faveur, tous prétendent détenir la vérité, pendant ce temps l’organisation s’engouffre. Et cette situation calamiteuse est loin d’être l’apanage des Ivoiriens. En mon sens, il urge que l’on conçoive la modernisation de nos associations et organisations par  l’élaboration de textes fiables et viables. Si tant que nous avons besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts, comme nous l’enseigna Barack OBAMA, il nous faudra apprendre à bâtir la force de nos organisations sur des textes forts que chacun adopte, et qui par conséquent s’imposent à tous.


Hymne du Wassoulou ; une leçon de leadership

« Hymne du Wassoulou », depuis que je l’ai découvert, je ne me lasse pas de le relire, le méditer. Ci-dessous un extrait :

Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus valeureux;

Si tu ne peux dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus  courageux;

Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes;

Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur;

Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots.

Oh Fama! Le peuple te fait confiance, il te fait confiance parce que tu incarnes ses vertus.

Ces belles paroles ont été composées par les griots de l’empire Wassoulou (ou empire Mandingue), à la gloire du Fama d’alors : Almamy Samory TOURE.

C’est du verbe débordant de sens, un regard sur le passé qui nous indique la voix, ainsi que la voie de la sagesse.  Il s’agit aussi et surtout d’un enseignement pour les leaders de tout âge. Par conséquent, il convient en mon sens que tous les dirigeants s’en inspirent, en toute sincérité. « Si tu ne peux, », tire toutes les conséquences. L’autre dira : « Dégage ! ».