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CAN 2015 : Deux mots pour ce deuxième sacre des Eléphants de Côte d’Ivoire

Rares sont ceux et celles des Ivoiriens qui doutaient encore de la portée du sport, plus singulièrement du Football. Tant cette discipline sportive a concouru au renforcement de la cohésion sociale et à la dynamique de réconciliation. Mieux que tous, le football l’a fait. Même les extrémistes politiques n’ont eu cette fois le choix qu’entre deux choses inconfortables pour eux : célébrer ou la fermer.

L’attente de ce deuxième sacre a été si pénible que sa célébration fut encore plus intense. Nos ainés nous racontaient leur expérience de Sénégal 1992, nous avons eu maintenant la nôtre. Des scènes surréalistes que nous aussi n’oublieront pas de sitôt. Et dont nous serons les éloquents narrateurs en attendant le prochain sacre, qui sera synonyme de la « Nationalisation » de dame coupe. C’est-à-dire qu’elle deviendrait ainsi Patrimoine de la nation Ivoirienne. Ici on n’arrête surtout pas de rêver.

https://www.youtube.com/watcMzRh?v=-ILekoW8

Cette victoire face au Ghana aux relents de répétitions de l’histoire de 1992 a été encore plus impressionnante. En effet depuis les quarts de finale de cette Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2015, des voix s’élevaient pour dire que l’histoire de 92 se répéterait. Il fallait être Ivoirien pour y croire, parce qu’après tant d’espoirs déchus, ce n’était pas gagné d’avance.

Vient la date du 8 février 2015, au stade International de Bata, à l’affiche Côte d’Ivoire vs Ghana. Au terme des 90 min, un score vierge. Comme en  92. Place aux prolongations ; score toujours vierge comme en 92. C’est le moment ou tous sont désormais convaincus que le sort de cette finale se jouera comme 1992 aux tirs au but. Mais en faveur de qui ? Question !

Quand les deux premiers tireurs Ivoiriens ont raté leurs tirs au but, la messe semblait être dite. En attestait l’abattement perceptible sur les visages de tous les supporteurs Ivoiriens, mais aussi l’enchantement sur celui des Ghanéens. N’est pas là la cruauté de notre vie ? Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Même l’impassible Hervé Renard, sélectionneur des Eléphants de Côte d’Ivoire, n’a pu voiler ses sentiments en ce moment précis. Chaque Ivoirien se disait en cet instant précis que pour la 3ième fois nous perdons une finale par les tirs au but, quelle malédiction !!!

Et coup du sort, comme pour donner raison à la théorie de la répétition de l’histoire de 92, les Eléphants reviennent à la hauteur des Ghanéens. Viennent enfin l’arrêt et le tir libérateur de portier Copa. Fabuleux et  magnifique !!! Je ne vous dirai pas ce que j’ai fait personnellement pour célébrer cette victoire, mais celui qui devinera aura un trophée, comme quoi la CAN continue encore 🙂 🙂 :).

Tawakkal


Récit d’une inoubliable expérience du Nêguêsso (Vélo)

Il y a maintenant trois décennies, dans le milieu semi-urbain ou semi-rural qui nous vu grandir, nous avons découvert le vélo. Appelé en dialecte local, en Malinké, « Nêguêsso » (1),  le vélo a été pour nous une grande fascination. Car toutes les concessions ne possédaient pas un vélo, et celles qui en disposaient devaient savoir s’en servir.

En Côte d’Ivoire, comme dans la plupart des pays de la sous-région ouest-africaine, une grande partie de sa population vit d’activités  informelles, telles que l’agriculture et l’artisanat. Cette réalité était plus prégnante dans notre cité, située dans le centre-ouest du pays, ; c’était un réservoir de matières premières et de produits vivriers.  Cette brave et dynamique population avait trouvé un allié de taille pour vaguer à ses occupations : le vélo. Matins et soirs, ces bicycles défilaient sur les routes des champs et des marchés. Ici, les vélos servaient essentiellement à parcourir de longues distances, et à transporter les bagages, au point que la plupart de ces vélos subissaient des modifications plus ou moins importantes pour s’adapter aux besoins des usagers. Notamment, les roues arrière étaient « blindées », tandis que les porte-bagages étaient élargis et consolidés. Se faisant, certains transportaient deux  personnes sur leurs nêguêso le matin, et revenaient le soir du champ avec des chargements impressionnants de poids. Et parfois, en plus de cette charge, certains conducteurs se permettaient d’embarquer une personne sur le tronc du nêguêsso. Impressionnant et séduisant.

Jeunes écoliers, le vélo était tout aussi présent à l’école. Quelques rares personnes se faisaient déposer en voiture ou en mobylette, un plus grand nombre en vélo, mais la majorité écrasante empruntait le « 11 ». C’est-à-dire qu’elle marchait. Pendant ce temps, une race rare d’écoliers venait à vélo, garait leur bicycle dans la cour de l’établissement et se rendait en cours. Des vélos bizarres qui n’avaient pas de porte-bagages, constataient leurs camarades incrédules. Certainement qu’ils étaient méchants : en enlevant leurs porte-bagages, ils ne s’encombreraient pas à prendre leurs camarades sur leurs vélos, ni à justifier leurs refus. Mais tous ces préjugés s’envolaient lorsque l’illustre détenteur de vélo leurs permettaient de faire « un tour » le temps d’une récréation. « Un tour », entendez un tour à vélo. C’est le moment ou tous cherchent à rentrer dans les bonnes grâces du propriétaire de vélo, même ceux qui ne savent pas conduire veulent s’essayer pour découvrir l’effet que ça fait de se trouver derrière le guidon. Des moments magiques pour les impétrants.

A l’adolescence, chacun a eu l’occasion d’avoir un vélo à sa disposition et a appris à rouler. En réalité c’était un défi pour tous les jeunes hommes que de savoir faire du vélo. Une règle non écrite, mais très répandue. Ceux qui ne savent pas le faire se cachent, les autres ne manquent aucune occasion pour exhiber leurs talents de super-pilotes -surtout devant les jeunes filles, parade amoureuse oblige. Certains apprennent facilement, d’autres péniblement. Mais une constance : l’audace paie. Pour savoir rouler à vélo, l’apprenant est invité à oser, à ne pas craindre la chute ni la blessure. Un théorème stipulait même que : « Nul ne peut dompter le vélo sans avoir préalablement subit une blessure de celui-ci. » Chaque apprenant attendait donc avec anxiété sa blessure de vélo. Et, comme si le théorème était fondé, cela nous arrivait toujours. Et quand venait le jour de l’exploit, c’était un grand événement pour lui. Les autres ne s’en rendaient forcément pas compte, mais le concerné avait toutes les raisons de se voir aux anges. Fini les frustrations et les humiliations. Lui aussi pouvait désormais parader devant les jeunes filles, et les embarquer dès qu’elles laissaient apparaître un brin de souhait. Car, à cet âge, les vélos servent aussi à ça. Prendre à bord les jeunes filles, rouler à vive allure, se jeter dans des crevasses, donner de violents coup de freins, pour qu’elles  s’accrochent solidement au pilote en abandonnant leurs atouts naturels sur le dos attentionné de celui-ci.

Velo-gaminn

Ici, le vélodemeure essentiellement masculin, mais aussi majoritairement utilisé par les classes basses. Les classes aisées les utilisent, certes, mais le plus souvent comme jouets pour leurs enfants ou comme moyen de déplacement pour leurs domestiques. Pour résumer, on dira que les uns jouent avec l’outil de travail des autres. Il y a les uns et les autres, pour reprendre un adage populaire par ici.  Ce rapport au vélo est toujours d’actualité. En effet, en dépit de quelques rares usages sportifs professionnels, le vélo demeure cantonné aux zones rurales et il est aujourd’hui délaissé aux classes les plus défavorisées. Car avec l’arrivée des motos à coûts réduits sur le marché, la plupart des ménages ayant auparavant des vélos s’orientent vers  ces engins motorisés, au point où ces motos ont envahis la plupart des campagnes. Et dans les capitales urbaines, le vélo se fait très rare. Seul quelques artisans et personnels domestiques (vigiles, jardiniers, cuisiniers) les utilisent dans une ville comme Abidjan. En effet, dans les grandes villes, le vélo s’apparente plus à un danger qu’à un outil, tant les voies de circulation ne se prêtent guère à sa pratique à cause de l’urbanisation sauvage. La combinaison des facteurs susmentionnés ne laissent  pas présager d’un quelconque avenir pour le vélo sous nos tropiques. Mais tout espoir n’est peut-être pas encore perdu. Un sursaut collectif de nostalgiques et/ou d’amoureux du vélo pourrait un jour sauver ce sort presque scellé du Nêguêsso.

Tawakkal

(1) – Littéralement traduit du Malinké, « Nêguêsso » signifie « Asile du fer » ou « Foyer du fer ». Cela pour exprimer le fait qu’il est majoritairement constitué de cette matière.


Mes réponses aux 7 contre-vérités du Porte-parole de M. Konan BANNY

Ce 2 Octobre 2014, alors que Radio France Internationale (RFI) organisait un débat sur le bilan de l’action de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR), j’ai donné mon avis sur la question sur mon mur Facebook comme je le fais régulièrement sur les questions d’actualité. Mais cette fois j’ai identifié M. SRAN Kouassi Franck, Porte-parole du Président de cette CDVR dans mon statut. Il ne fallait pas plus pour que le griot de BANNY vienne s’acharner sur mes écrits, à coup de contre-vérités savamment concoctées. Vous voulez quoi ? C’est son Job ! Défendre le travail et l’image de son Patron, vaille que vaille. Mais sachez que je ne mangerai pas de cette herbe nocive à la stabilité sociopolitique de ma chère Côte d’Ivoire. Je m’en vais donc démonter ses 7 contre-vérités :

Prenez connaissances de la conversation afin de mieux comprendre ce qui suit :

(En rouge les propos de M. SRAN, en bleu les miens)

Conversation facebook

Prenez connaissances de la conversation sur mon profil facebook  afin de mieux comprendre ce qui suit :

(En rouge les propos de M. SRAN, en bleu les miens)

1-) Je ne suis pas surpris de ta réaction, que dis je, de ton impertinence et de ton arrogance.
C’est la somme des attitudes comme la tienne qui ont généré dans notre pays, la crise. La crise a, à son tour mué en conflits violents, lesquels conflits ont causé de nombreuses victimes. Ce sont ces victimes-là (1990-2011), que la CDVR a été chargée d’identifier ! (…)

Ils sont passés maître dans la création d’écrans de fumée ; ils adorent nous mystifier avec des concepts dont eux-mêmes n’ont que visiblement peu de connaissances ; ces dirigeants de la CDVR. Sinon la Côte d’Ivoire a connu ces crises parce que des institutions comme la leur ont failli. Pour ma part je ne fais que des constats et les expriment avec les mots que j’assume pleinement. Je dis et je répète : le fait que l’action de la CDVR devienne l’objet d’interminables polémiques témoigne de l’échec de sa conduite. Quand on est incapable de susciter le consensus autour d’un projet si important, mieux vaut déposer l’éponge dans l’honneur et partir faire valoir ses compétences ailleurs. se faire Inutile de se défendre face à cette évidence. Mais de façon constructive je propose l’organisation d’un sondage suivi d’un rassemblement des forces vives. C’est ça l’impertinence et l’arrogance ? Orgueil et mauvaise foi ; quand vous nous tenez.

2-) Cela se voit encore une fois que tu ne sais pas grand’chose de la mission de la CDVR. Dans une certaine mesure, c’est ton droit, même de ne pas comprendre… Mais ça ne fait pas correct et sérieux d’émettre des jugements de valeur sur un travail qu’on ne connaît pas. J’insiste.
Ah, j’oubliais. Ces dirigeants éclairés de notre chère CDVR adorent également se réfugier derrière leurs supposées missions que nous ne pourrions pas comprendre. Et il insiste. Quoi de plus normal ? Un mensonge répété mille fois ne devient-il pas vérité ?

Sinon les missions de cette CDVR sont bien comprises. Pour ceux qui les ignorent encore, il suffit de visiter www.cdvr.ci . C’est la manière dont celles-ci sont accomplies que nous jugeons maladroite ; donc pose problème. Dire que les audiences « dites publiques » n’étaient ni ouvertes ni transparentes, c’est appeler le chat par son nom. Et il faut avoir des lunettes en bois pour ne pas voir l’amateurisme et l’improvisation dont cette institution a fait preuve tout au long de son existence. Ou il faut être salarié de la CDVR pour ne pas s’en rendre compte.

3-) Cela étant, mon frère Diakité, je voudrais attirer ton attention sur le fait que le Président de la République, SEM Alassane Ouattara, recevant en fin 2013 le rapport de la Commission, à la fin de ces 2 premières années d’activités, a dit de M. Banny et de la CDVR (je cite) « qu’ils avaient accompli un travail impressionnant ».
C’est donc pour cette raison massive qu’un temps additionnel de 12 mois a été accordé à la CDVR pour achever les activités qui restaient à exécuter.

Voilà quelqu’un qui nous prend vraiment pour des dupes. Comme ça parce que le président a dit qu’un travail impressionnant avait été abattu que nous devrons tous la boucler et applaudir la CDVR des deux mains et des deux pieds. Trop facile. D’ailleurs la notion de travail impressionnant demeure tellement subjective. Mais ne jouons pas les mauvaises langues, supposons que le Président pensait sincèrement ce qu’il disait lors de cette cérémonie.

A la veille de celle-ci, nous avons demandé au président, arguments à l’appui, de ne pas reconduire M. Konan BANNY dans cette mission noble de réconciliation. Et nous avons fait parvenir copie de cette requête à la CDVR. J’imagine qu’ils l’ont déchiré dès réception. Puisque nous n’avions eu la moindre suite. Or nous avions espéré mieux de la CDVR, hélas à tort.

Personnellement je n’accuse pas la CDVR d’être la seule responsable des mauvais résultats, mais aussi et surtout le Président Alassane Ouattara. Les Ivoiriens l’ont voté davantage dans l’espoir de les réconcilier, que de venir nous distribuer des milliards. Il est donc inacceptable qu’il laisse ce processus crucial produire des résultats si médiocres.

4-) Avant le chef de l’Exécutif ivoirien, c’était le tour de l’ancien SG de lONU Koffi ANNAN, de passage à Abidjan, de féliciter et d’encourager la CDVR pour le travail « scientifique et méthodique accompli…. »
Le dénominateur commun de tous ces adeptes de la malhonnêteté intellectuelle est qu’ils ont une mémoire sélective. Sinon je me souviens que d’autres personnes ont eu des mots moins sympathiques à l’endroit de la CDVR. Au nombre desquels Me Patrick Baudouin, le président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), qui a fait le déplacement jusqu’à à Abidjan pour tenir des mots très durs à l’endroit de la CDVR. Qui selon ses termes n’a œuvré que trop peu pour la réconciliation. Pourquoi notre Porte-parole n’en fait pas écho ? Vous avez tout compris, le métier est dur. Il faut montrer la partie qui nous arrange. Monsieur, comprenez que cette comédie n’amuse plus les Ivoiriens.

5-) Alors Diakité, ton opinion serait importante et ta proposition ne serait pas farfelue, si tu émettais des avis objectifs et donc pertinents…Or donc !!!!
Dans quel monde vivant nous ? Or donc l’organisation d’un sondage doit se fonder sur des faits objectifs. C’est dire combien certains sont peu cultivés, ignorant même le bienfondé du concept de sondage.

En plus ils se targuent de faire un travail scientifique et méthodique, alors qu’ils n’ont même pas prévu un sondage à l’issu de celui-ci pour évaluer sa portée. Et contrarié par une proposition des plus opportunes, il la qualifie de farfelue. De quoi les gens ont si peur ? De la vérité, j’imagine aisément.
6-) Je termine en t’informant que la CDVR connaît l’opinion des ivoiriens sur sa mission. Elle les a consultés avec le précieux concours des ONG de la société civile (regroupées en 32 plateformes) en deux opérations nationales, d’abord de janvier à fin février 2013, ensuite du 21 août au 21 septembre de la meme année.
Les résultats ont été rendus publics. Et c’est sur la base de ces résultats, diffusés partout, notamment auprès des Partis politiques de notre pays, que la CDVR a mené à terme et avec succès, la fin des opérations prévues dans son plan d’action.
Je ne doute pas du fait que la CDVR connaisse l’opinion des Ivoiriens sur sa mission. En effet pour avoir vu dans plusieurs localités comment ceux-ci se mobilisaient très peu lors des activités de la CDVR, l’évidence saute à l’œil. S’acclamer mutuellement dans un cercle d’ami ne change rien à l’implacable réalité de l’impopularité des procédés de la CDVR. Une popularité qui s’est finalement muée en une indifférence. Dernière réaction en date, celle du Président du Collectif des victimes en Côté d’Ivoire, une association qui existe depuis 2001. Ce dernier déclarait que la CDVR a failli à sa mission. Voilà un farfelue de plus, dira l’autre. Mais je crois qu’il faut être sérieux et respecter les Ivoiriens. C’est répugnant de faire comme si tout allait comme sur des rails. Et que toutes ses critiques, même celles venant de l’intérieur de la CDVR n’étaient que l’œuvre d’une bande marginale de détraqués. Et nous aurions été si détraqués que nous n’aurions pas découragé ceux qui voulaient marcher à l’époque sur la CDVR d’abandonner leur projet. « Dérive inacceptable », c’est le mot que j’ai utilisé à l’époque. Parce que nous croyions que d’autres alternatives constructives demeurent.
7-) Mais hélas toi, tu ne sais rien de tout cela. Ou bien tu fais exprès de ne rien savoir. Si tel est le cas, ce serait bien dommage ! Et je n’aurais donc plus aucune raison de me fatiguer à te parler.
Dieu nous garde mon frère Diakité
Bonne fin de journée !

Celui qui fait semblant ici c’est celui dont le travail consiste à fabriqués des contre-vérités et à la servir froidement aux populations qui ne demandaient qu’à être écoutées et associées sans discrimination à la construction d’une Côte d’Ivoire nouvelle.

Pour ma part, je m’engage à :

–          Dire à ses fainéants qu’ils feraient mieux de céder la place aux bosseurs tandis qu’il est encore temps ;

–          Faire comprendre aux corrompus qu’ils ne pourront pas continuer éternellement à nous voler ;

–          Dire aux fossoyeurs de la République que leur règne tire vers sa fin ;

–          Agir, agir et agir.

Et tant que les choses ne changeront pas, dans le sens d’une société en phase avec les valeurs fondamentales, il en sera ainsi.

N’est pas qu’à chaque génération son combat.

Nous y sommes!!!

DIAKITE Tawakkal


Retour de l’église dans les arènes politiques en Afrique : un joueur de trop

Dans mon pays la Côte d’Ivoire, en 2010 l’église, toutes tendances confondues s’est retrouvée au cœur de la crise postélectorale. Les tentatives de médiation de l’église catholique entre les camps Gbagbo et Ouattara ont fait couler beaucoup d’encres et de salives de part et d’autre. Aujourd’hui, le représentant de l’église catholique à la Commission Électorale Indépendante (CEI), L’Abbé Boni Boni, s’est retiré après le retrait de l’opposition et de la société civile. Dit-il, pour favoriser la participation de tous les fils du pays.

Au Burkina Faso, le clergé a vertement prit position contre la révision de la constitution envisagé par le parti au pouvoir.

En république Démocratique du Congo, l’église catholique a décidé d’aller plus loin que d’habitude. Non seulement elle exprime sa désapprobation vis-à-vis du projet de révision constitutionnelle qu’elle soupçonne, mais elle appelle tous les curés et les catéchistes du pays à véhiculer son message et à sensibiliser les chrétiens dans les églises pour qu’ils se mobilisent contre toute tentative de modification de l’article 220. Un nouveau cap est franchi dans l’Afrique de l’après indépendance.

Du Benin au Burundi, en passant par le Sénégal, etc… l’église catholique se fait remarquer de plus en plus par ses prises de positions sur la gouvernance des Etats et le déroulement des processus électoraux. Certains trouvent que l’église sort de son rôle, elle s’en défend bien entendu, et de manière fort bien convaincante. Interroger dernièrement sur Radio France Internationale (RFI) à savoir si l’église n’était pas dans le rôle de l’opposition, Monseigneur Fridolin Ambongo, (président de la commission Justice et paix de la Conférence épiscopale nationale congolaise, la CENCO) répondit ainsi « L’Église catholique a toujours joué un rôle prophétique, indépendamment de la position de l’opposition. Quand il y a un danger qui pointe à l’horizon, c’est le rôle du prophète d’attirer l’attention en sonnant l’alarme. Et c’est ce que nous sommes en train de faire. » A vos commentaires !

Pour ma part je constate comme tous cette progression dans la position de l’église. Je suis aussi d’accord avec la mission des prophètes qui doivent attirer l’attention de la communauté, nous constatons que nos prophètes ne semblent que découvrir aujourd’hui les problèmes que nous vivons depuis des décennies. Pourquoi une prise de conscience et d’initiative si tardive ? Quelles conséquences cela peut-il engendrer ?

Si le clergé pousse le bouchon plus loin, le risque serait de se retrouver malgré ses « bonnes intentions » dans l’arène politique, et d’être par conséquent traité comme tel, sans aucune garantie d’ailleurs sur l’issue de ses actions. Car dans une telle perspective l’un des gros défis pour l’église serait déjà de parler d’une seule voix ; de tenir dans le temps une position commune. Au lieu de contribuer à unir le peuple, et promouvoir la démocratie, l’église pourrait devenir un vecteur de division et de conflit plus ou moins grave. En effet sachant qu’il existe d’autres communautés, l’équation deviendrait certainement plus complexe si les autres communautés venaient elles aussi à donner des mots d’ordre opposés. Par ailleurs dans d’autres pays comme le Sénégal, c’est la communauté musulmane, les mourides plus précisément, qui s’adonnent à ce jeu dangereux. Étant un acteur de la société civile, j’encourage toutes les forces vives de la société à s’impliquer pour la promotion de la bonne gouvernance et des valeurs démocratiques. Cependant chacun se doit ma foi de peser avec la bonne balance les POUR et les CONTRE de ses initiatives. En occurrence la montée en première ligne des communautés religieuses créera plus de problèmes qu’elle n’apportera de solutions. Dans un contexte déjà confus par plusieurs facteurs, de tels mélanges de genre rendrait le cocktail plus explosif. Je déconseille donc fortement le clergé dans cette perspective. Sinon demain ce sont les autres communautés qui s’y inviteront. Les communautés ethniques ne tarderont à emboîter ouvertement le pas ; Bonjour la chienlit. Pour nos démocraties embryonnaires, il est bon que ces entités ultra-sensibles se placent au-dessus du marigot et des brouhahas politiques. Si nous y sommes tous embourbés qui viendra nous remorquer ? Si nous parlons tous en même temps qui nous ramènera autour de la table de discussion ?

D’autres actions plus appropriées demeurent à la portée de l’église. Celles-ci rendraient davantage service à la communauté. Il faudrait peut-être que nos prophètes confient davantage la situation au père pour qu’il les inspire mieux, au lieu de se consacrer exclusivement à des jeux politiques et diplomatiques.

Au nom du bon sens, Amen !

Tawakkal


19 septembre 2002 : Merci pour ce moment de sursaut démocratique

Témoignons-les reconnaissance et gratitude !

Merci pour votre combat, rendu officiel ce 19 septembre 2012 !

Merci pour avoir pris vos responsabilités, face à un régime qui nous conduisait droit dans l’abîme !

C’est peu de le dire, la Côte d’Ivoire se trouvait au bord du gouffre. Face à cette tragédie qui se jouait sous nos yeux, dans un silence coupable voire complice, il eut fallu oser. Oser dire « NON » à la dictature. Merci  pour ce moment de libération !

En effet, la haine, l’exclusion et la xénophobie était le vecteur de la gouvernance du régime Gbagbo. Non content d’avoir pourchassé opposants et militaires hors des frontières, l’on avait décidé de martyriser les pauvres populations qui avaient eu « le malheur » d’avoir un nom à consonance nordique. Il y avait eu les vrais ivoiriens d’une part, et les faux d’autre part. Ces derniers pouvaient ainsi être brimés, dépouillés, voire tués dans l’indifférence. Notre socialiste en chef s’était muer en bourreau des valeurs d’intégration et de coexistence, quel drame! Le charnier de Yopougon est passé par là, les criminels ont été blanchis et félicités. Les contrôles de faciès, les délits de patronyme, etc… Nombres d’ivoiriens et de personnes vivantes en Côte d’Ivoire ont souffert de ces dérives, les moins chanceux en sont morts. Certains ont dû se résoudre à vivre dans la clandestinité dans leur propre pays, tandis que d’autres, qui en avait la possibilité, sont rentrés dans leurs pays voisins. Laissant derrière eux leurs champs et autres biens, fruits de toute une vie de dur labeur. Quelle tragédie !!!

« Les armes qui se prennent pour la défense d’un peuple qui n’a point d’autre ressource sont miséricordieuses. » Nous enseigna Nicolas Machiavel dans Le Prince, éd. H. Wetstein, 1683, chap. XXVI, p. 223. Il a dit vrai. Les armes prises pour restaurer la justice et la démocratie sont salvatrices. La rébellion qui en fut le vecteur ce 19 septembre 2002 sur les terres d’Eburnie est salutaire. Une révolution exemplaire. L’histoire retiendra dans ses lettres d’or une guerre noble ; menée par des artisans infatigables de la démocratie. Qui au risque de leur vie ont décidé de porter le fardeau de plusieurs millions de citoyens. Encore  Merci  pour ce moment de sursaut démocratique !

Le porte-étendard de ce combat, SORO Kigbafori Guillaume, a convaincu l’opinion de la justesse de cette lutte ; tant ses résultats sont éloquents et palpables. « Les armes se sont imposées à nous et nous avons pris les armes pour réclamer nos cartes d’identité » disait-il. Aujourd’hui ces cartes d’identités sont à la portée de tous, Adieu l’exclusion ! Grâce à cette lutte la Côte d’Ivoire a enterré le concept discriminatoire et xénophobe de l’ivoirité. Cette lutte a permis également l’organisation d’élections libres et transparentes ; les plus démocratiques que nous n’avions jamais connu auparavant. Ces élections ont hélas été l’occasion pour la dictature pour dévoiler sa face la plus hideuse. Permettant ainsi à ceux qui en doutaient encore de découvrir sa vraie et triste nature. La vérité triomphe toujours du mensonge ; le bien du mal ; si bien que la révolution emporta le dictateur à la Cour Pénale Internationale.

Le combat n’est bien entendu pas terminé. Il doit se poursuivre aujourd’hui sous d’autres formes, afin d’assainir l’environnement sociopolitique qui demeure corrompu par des préjugés et considérations partisanes. Nous devons vaille que vaille recentrer le débat autour des valeurs intrinsèques des acteurs.

Au demeurant, inclinons-nous respectueusement devant la mémoire de celles et ceux, acteurs ou victimes collatéraux, qui ont perdu la vie au cours de cette longue traversée du désert. Et disons en chœur au Président SORO Guillaume et ses valeureux compagnons :

–          Merci pour ce moment de sursaut démocratique !

–          Merci pour ce moment de restauration de notre dignité citoyenne !

–          Merci pour ce moment de sacrifice pour lequel nous ne vous remercierons jamais assez !

Tawakkal