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Côte d’Ivoire / CPI : Il ne faut plus transférer un ivoirien devant la justice Internationale

« Nous souhaitons que cette année 2013 soit… une année de transfert d’argent au pays, et non une année de transfert des gens au CPI. » Nous avons presque tous éclatés de rire, lorsque  cette phrase a été prononcée par le groupe baptisé les « Zinzins de l’art » au cours de l’émission humoristique « Bonjour 2013 ». Parce que tous les ivoiriens se sentent concernés par ce sujet, même s’ils n’ont pas la même appréhension des tenants et aboutissants. « Les relations entre la CPI et la Côte d’Ivoire », voilà un sujet sur lequel la quasi-totalité des Ivoiriens ont un avis. Si certains sont favorables à un renforcement de la collaboration entre les deux (02) entités, les autres y sont farouchement opposés. Et chacun y va de ses arguments. Personnellement j’ai un avis mitigé.

Retour sur les évènements entre la Côte d’Ivoire et la CPI

C’est le 17 juillet 1998 que l’acte fondateur de la Cour Pénale internationale (CPI), le statut de Rome fut signé par 120 États, dont la Côte d’Ivoire. Suite à cette signature, le statut de Rome devait être ratifié par les institutions des différents États signataires. C’est finalement le 15 février 2013, que la Côte d’Ivoire a déposé son instrument de ratification de ce statut au siège de l’ONU à New York. Devenant ainsi le 122ième  État partie de la Cour et le 33ième  État membre africain de cette juridiction. La ratification du Statut de Rome par la Côte d’Ivoire intervient près de 15 ans après que l’État ait initialement signé le traité.
Un certain nombre d’obstacles juridiques et constitutionnels ont retardé le processus.
La Cour constitutionnelle de la Côte d’Ivoire a statué initialement en octobre 2003 que la ratification du Statut de Rome n’était pas en conformité avec la Constitution ivoirienne de 2000.
Ceci implique que le traité ne peut être ratifié par la Côte d’Ivoire que si la Constitution en vigueur est modifiée pour corriger les incompatibilités.
Grâce aux efforts de plaidoyer des organisations de la société civile ainsi qu’au travail et au soutien des membres du Parlement, et compte tenu de l’évolution de la situation politique, la modification requise et un projet de loi approuvant la ratification par le gouvernement du Statut de Rome ont été approuvés par le Parlement le 20 décembre 2012 et par la suite signés et promulgués par le président Alassane Ouattara.

Mais bien avant la ratification du Statut de Rome, La Côte d’Ivoire  avait reconnu la compétence de la Cour Pénale Internationale pour les faits qualifiés de génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, depuis le 30 novembre 1998. Cette reconnaissance la été renouvelé le 18 avril 2003, le 14 décembre 2010 et le 3 mars 2011. C’est reconnaissance de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui a permis à celle-ci de s’intéresser en 2011 aux crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis depuis le 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire.

Les poursuites de la CPI en Côte d’Ivoire

A ce jour, les poursuites de la CPI visent trois (03) personnalités ivoiriennes : l’ancien Président Laurent Gbagbo, son épouse Mme Simone Gbagbo, ainsi que Charles Blé Goudé. Tandis que les enquêtes, ont elles été élargies aux crimes commis depuis 2002.

Mémo de la CPI sur Laurent Gbagbo
Mémo de la CPI sur Laurent Gbagbo
Mémo de la CPI sur Simone Gbagbo
Mémo de la CPI sur Simone Gbagbo
Mémo de la CPI sur Blé Goudé
Mémo de la CPI sur Blé Goudé

Si Laurent Gbagbo a été remis à la CPI le 30 novembre 2011, Simone Gbagbo et Blé Goudé ne l’ont toujours pas été, quand bien même que la Cour et des ONG ne cessent de réclamer leurs extraditions.

Relations entre la Côte d’Ivoire et la CPI ; quelle suite ?

Quelle suite donner aux relations entre l’État Ivoirien et la CPI ? Notamment concernant les poursuites et enquêtes en cours ? C’est l’interrogation qui intéresse beaucoup d’observateurs et acteurs de la vie sociopolitique Ivoirienne. En effet, beaucoup soupçonnent le gouvernement de ne pas vouloir livrer à la CPI, les personnes qu’elle réclame. Personnellement j’estime que cette option selon laquelle la justice ivoirienne se donnerait les moyens pour organiser elle-même les procès est salutaire. Si hier notre justice était en lambeau, justifiant le transfert du président Laurent Gbagbo à la CPI, aujourd’hui elle retrouve ses marques. Si bien que des procédures judiciaires et des poursuites visent déjà Mme Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé. Il ne faut donc livrer ni l’un ni l’autre à la CPI. Hier le transfert de Gbagbo était justifiable donc justifié, on ne peut pas en dire de même aujourd’hui pour la cas de Simone Gbagbo et Blé Goudé.

Au-delà de l’interrogation sur notre souveraineté judiciaire, l’organisation de ces procès en Côte d’Ivoire participera dans une certaine mesure à la dynamique de réconciliation nationale. En tout état de cause, un procès organisé en côte d’Ivoire n’a pas la même portée qu’un procès organisé à la Haye. Et un éventuel pardon prononcé devant et parmi le peuple ivoirien aura un impact décuplé par rapport à un pardon prononcé à des  milliers de kilomètres des victimes.

Les autorités ivoiriennes doivent donc résister aux pressions multiples pour organiser tous les procès en Côte d’Ivoire, dans la transparence et l’équité.

Tawakkal


Côte d’Ivoire : ce que je pense du rapport mondial 2014 de Human Right Watch

L’ONG Internationale Américaine de défense des droits de l’homme, Human Right Watch, a publié son rapport mondial 2014. Une partie de celui-ci est consacrée à la Côte d’Ivoire. Après lecture et analyse de ce chapitre « Côte d’Ivoire », je suis arrivé à un certain nombre d’observations.

D’une part aucun observateur sérieux de cette Côte d’Ivoire ne dira que tout y va mal. Il y a des progrès à tous les nouveaux, et ceux-ci sont perceptibles. D’autre part aucun observateur crédible ne dira non plus que tout va bien sur la terre d’Eburnie. Le rapport de Human Right Watch obéit à ce tempo. Il demeure de nombreux défis, et quoi de plus normal d’ailleurs. Laurent Gbagbo ne nous avait-il pas enseigné que l’on ne sort pas d’une crise comme d’une boîte de nuit ?  Sur ce sujet l’historien n’avait pas tort. Nul ne saurait régler les problèmes de l’insécurité, du système judiciaire, du foncier et de la corruption de cette nation qui vient de deux décennies de crises multidimensionnelles par un coup de bâton magique.

Revenant au contenu du rapport de HRW, quand celui-ci ne passe pas sous silence les solutions engagées par les autorités Ivoiriennes, il ne fait que les survoler. C’est le cas par exemple concernant la corruption. Beaucoup d’initiatives porteuses d’espoirs ont vu le jour en 2013, en occurrence la création de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, mais HRW n’en parle pas. Par ailleurs à l’instar des autres organisations internationales, le rapport de HRW est beaucoup plus idéaliste, alors que la gestion d’un pays requiert davantage de réalisme. C’est le cas par exemple avec la question des poursuites judiciaires. C’est facile de dire qu’il y a une justice à sens unique, or les réalités auxquelles nous sommes confrontés exigent que les auteurs de cette crise post-électorale, par ailleurs auteurs des plus graves crimes soient les premiers à être poursuivis. Pour le reste le gouvernement Ivoirien s’est toujours engagé à rendre une justice équitable, et ne cesse de mettre en œuvre les réformes idoines. En outre HRW signale dans son rapport que ces dernières années la France est restée silencieuse quant à la gestion des autorités Ivoiriennes. Ce n’est pas anodin. Cette situation devrait interpeller bon nombre d’observateurs, quand nous savons que la France demeure de loin l’acteur extérieur qui connait au mieux ce pays. Qui connait la Côte d’Ivoire et est doté de bonne foi mesure ses critiques dans cette période de normalisation, à défaut de les mettre en veilleuse. Car au-delà des principes, de l’idéal, il demeure l’implacable réalité Ivoirienne.

Pour finir il faut éviter de tomber dans ce que j’appelle le « complexe  des organisations Internationales ».  C’est-à-dire qu’il ne faut pas accorder une supériorité de fait à ces organisations. Car beaucoup prennent pour parole d’évangile leurs publications, alors que celles-ci sont parfois déconnectées des réalités. Souvenez-vous que sous la dictée des institutions internationales ( de Bretton woods) les Africains ont « détruit » leurs économies en appliquant les Programmes d’Ajustement structurels (P.A.S.). Ces institutions internationales nous avaient pourtant promis le salut. Comparaison n’est certes pas raison, mais ma foi ces épisodes du passé doivent nous inviter à prendre plus de hauteur. L’Ivoirien en particulier, l’Africain en général doit faire preuve de maturité face aux évènements de ce monde en perpétuel mutation, afin de reconnaitre le bon grain de l’ivraie. Cela est d’autant plus nécessaire quand nous savons que toutes les critiques ne sont pas à rejeter. Lorsqu’elles sont objectives et constructives, les critiques permettent aux entités visées de s’améliorer et par ricochet améliorer leur gestion.

Tawakkal


Crise du parti présidentiel au Burkina : la Côte d’Ivoire appelle au dialogue

On peut affirmer sans crainte de se tromper dans la sous-région ouest-africaine que l’événement politique le plus retentissant de ces derniers  jours nous vient du pays des hommes intègres. En effet le parti au parti au pouvoir, le CDP, Congrès pour la démocratie et le progrès, est en proie à une vague de démissions sans précédent.

Retour sur les faits

Depuis plusieurs années les observateurs et acteurs de la vie politique au Burkina  Faso s’interrogent sur une question : Blaise Compaoré va-t-il modifier la Constitution pour solliciter un nouveau mandat ? Le président qui a déjà passé 27 ans à la tête du pays est désormais face à un verrou constitutionnel.

C’est  l’article 37 de la Constitution du 2 juin 1991 qui introduit la clause limitative des mandats dans la loi fondamentale burkinabè.  Mais le président Compaoré fera machine-arrière en modifiant cette Constitution en 1997 afin de supprimer la limitation des mandats présidentiels. Cependant après les évènements consécutives à  l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998, l’Assemblée nationale modifie à nouveau en 2000 la Constitution afin de limiter le nombre de mandats présidentiels et d’en ramener la durée à cinq ans.

C’est finalement en 2005 que cet article 37 va surgir dans le débat juridico-politique, avec en filigrane la question de l’éligibilité de Blaise Compaoré. Pour rappel, la présidentielle de 2005 était  la première à laquelle l’opposition a participé depuis le rétablissement du multipartisme en 1991. A l’époque ses détracteurs soutenaient que la candidature de M. Blaise Compaoré violait la lettre et l’esprit de l’article 37. Ils faisaient valoir qu’en application du principe de l’effet immédiat de la loi nouvelle, la candidature de Blaise Compaoré était illégale et/ou illégitime. Saisi à cet effet, le Conseil constitutionnel a concédé que les versions successives de l’article 37 sont cause d’un conflit de lois dans le temps. Et de rappeler le principe de base au nom duquel « la loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a point d’effet rétroactif ».

Après ces épisodes, l’on a cru que le débat serait définitivement clos et qu’à partir de cette date Blaise Compaoré ferait au maximum deux mandats à la tête du Burkina. Mais très rapidement, les opposants et certaines composantes de la société auront à tort ou à raison des soupçons. Ceux-ci pensent que l’actuel président envisage une nouvelle modification de la Constitution, afin de demeurer à la tête du pays après 2015. C’est alors le projet de création du Sénat qui cristallise toutes les tensions.  La société civile et l’opposition ont rejeté en bloc  ce projet. Tandis que les uns y voient un projet inopportun et budgétivore, les autres y voient un outil destiné à modifier l’article 37 de la Constitution. Face à ce rejet, le président suspend la mise en place du Sénat le 12 août 2013. Mais ses détracteurs continuent à croire qu’il caresse toujours l’idée de modifier la Constitution afin de briguer de nouveaux mandats.

Passé maître dans l’art de camoufler ses intentions, Blaise Compaoré n’a pas encore dit s’il souhaitait se présenter à la  prochaine élection. Mais certains qui disent le connaître, après plusieurs décennies de cohabitation, ne se font point de doute sur les projets du président. Et ils semblent décider cette fois à lui mettre les bâtons dans les roues.

Dans une lettre ouverte, en date du 4 janvier 2014, plusieurs figures du parti présidentiel font part de leur démission. Parmi eux :  Roch Marc Christian Kaboré (Ex-chef du CDP, et ancien président de l’Assemblée nationale), Simon Compaoré (ancien maire de Ouagadougou), de nombreux anciens ministres dont Salif Diallo autrefois très proche et homme de confiance de Blaise Compaoré. Cette vague de démissions a à juste été qualifiée par certains observateurs comme un séisme politique, quand d’autres parlent d’un coup dur pour le parti de Blaise Compaoré, voire pour le Burkina. Pour nous autres qui sommes en Côte d’Ivoire, nation jumelle du Burkina, ces évènements nous rappellent un épisode  de notre propre histoire : les désertions  du PDCI.

Le « syndrome PDCI »

Le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) est le parti fondé par le père de la nation ivoirienne. C’est le plus vieux parti de Côte d’Ivoire, celui qui a dirigé le pays de 1960 à 1999, soit trente-neuf ans de règne ininterrompu. Cependant, un an après la mort du président Félix Houphouët Boigny, alors que le PDCI tenait toujours les rênes du navire Ivoire, l’on a assisté à une première vague de désertions, plusieurs autres suivront dans le temps. Ces déserteurs du PDCI créeront des partis politiques d’opposition, dont le premier le RDR (Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire) est aujourd’hui au pouvoir. En plus du parti d’Alassane Ouattara, l’UDPCI, le PURCI, l’UDCY, l’URD, le RPP etc. sont autant de partis issus du PDCI. Pour l’essentiel ces déserteurs reprochaient au président du parti le refus de la démocratie interne et de la rénovation du parti, ainsi que le manque de dialogue et d’ouverture. Ce sont les mêmes griefs qui sont formulés aujourd’hui contre le président du CDP, comme en témoigne un extrait de la lettre ouverte des démissionnaires : « La démocratie ayant disparu au sein du parti au pouvoir, elle ne peut qu’être menacée au niveau national… Au lieu d’engager un débat préalable sur des questions controversées, nous sommes en train d’assister à des tentatives et à des velléités de révision de la Constitution en vue de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels dans un contexte où le peuple est profondément divisé. »

Le CDP est-il atteint du « syndrome PDCI » ? C’est tôt de le dire, et il vaudrait mieux que cette éventualité ne devienne pas une réalité. Car  en plus de précipiter la chute du parti, ces évènements ont exposé la Côte d’Ivoire à plusieurs épisodes malheureux, dont le pays des hommes intègres gagnerait à faire l’économie.

La salutaire médiation ivoirienne

Dès l’éclatement de cette crise au sommet du parti au pouvoir burkinabè, le président ivoirien a dépêché une mission à Ouagadougou, afin de discuter avec les différentes parties. Cette mission conduite par le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a rencontré le président Blaise Compaoré ainsi que les démissionnaires. A l’issue de cette mission Guillaume Soro a déclaré : « Notre devoir est d’être à la hauteur de tout le soutien que le président Compaoré et le peuple burkinabè tout entier nous ont apporté quand la Côte d’Ivoire sombrait dans le gouffre. C’est un devoir et une responsabilité que nous assumerons pleinement dans la limite du strict respect de la souveraineté des Etats … Je ne peux avoir la prétention de connaître le Burkina mieux que les Burkinabè. Cependant vu les liens historiques et légendaires qui nous unissent, demeurer indifférent est inacceptable. Ce que je souhaite c’est que le dialogue direct inter-burkinabè triomphe. Nous avons besoin d’un Burkina fort, stable et paravent des menaces d’un nouveau genre. L’intégration voulue par les panafricanistes du continent ne commande que la solidarité. »

Cette initiative des autorités ivoiriennes est salutaire à plus d’un titre. D’abord, elle témoigne de la maturité de nos dirigeants à prévenir et faire face aux crises diverses. Car cette crise qui ne concerne pour le moment que le parti au pouvoir pourrait faire couler demain tout le pays. Sans pour autant passer pour des donneurs de leçon, les Ivoiriens sont bien placés pour assister le Burkina dans la gestion de cette crise. Il y a vingt ans la Côte d’Ivoire est passée par là, et tout porte à croire que nous avons tiré aujourd’hui les leçons de ces épisodes. Quand le PDCI a failli, la Côte d’Ivoire s’est affaissée. Le parti n’a pas su se ressaisir et à chuté, ainsi que le pays qui tomba entre les mains d’aventuriers. La Côte d’Ivoire aurait pu éviter beaucoup d’évènements sombres, mais nous n’avons pas pu, ne faites pas comme nous. Il est de la responsabilité de tous les acteurs burkinabè de préserver leur pays.

Certaines personnes pourraient penser à tort que l’intervention des Ivoiriens serait une violation de la souveraineté du Burkina. Il faut faire la part des choses. De toute évidence personne ne viendra dicter à nos frères burkinabè leur conduite. Cependant, il convient de s’activer pour éloigner les solutions extrémistes du « pays des hommes intègre »s. Et à ce stade toutes les parties doivent être appelées à plus de responsabilité vis-à-vis de l’intérêt de la nation.

A tous, prenez  garde de contracter le « syndrome PDCI », car lorsqu’il est mal traité le pays s’en remet très difficilement.

Tawakkal

 

 


Top 10 des messages de vœux 2014

Pour ce premier billet de 2014, j’aimerais avant toute chose souhaiter mes vœux les meilleurs à ceux et celles qui me font l’amitié de visiter ce blog. Que vos vœux les plus chers se réalisent en cette année. Bonne et heureuse année 2014 à tous et à chacun, singulièrement à la grande famille des mondoblogueurs.

L’occasion de la nouvelle année est en effet celle consacrée pour échanger les vœux avec nos proches, collègues ou partenaires. Et si dans un passé récent le seul moyen était les cartes de vœux, aujourd’hui nous avons une diversité de supports pour véhiculer nos vœux de bonne année : des applications web, des sms etc…. Ces applications sont gratuites et nous permettent de bénéficier d’un carnet d’adresse, du rappel des évènements et de bien d’autres avantages.

application_smartphone

J’ai personnellement reçu de multiples et variés messages de vœux en cette année, j’ai donc décidé de faire une sélection arbitraire de 10, et de partager celle-ci avec vous.

La série a commencé à quelques jours du nouvel an, avec des messages de remerciements et de pénitence.

Message 1 :

« Merci à toi pour tout le soutien. Cette année ne saurait s’achever sans que je ne te témoigne ma reconnaissance. Merci pour tout et que Dieu t’accorde selon la volonté de ton cœur. »

Message 2 :

A 1 jour de 2014, moi …, je profite de te cette aubaine pour te dire du plus profond de mon cœur PARDON. PARDON pour une parole qui t’aurait blesser. PARDON pour un geste maladroit. PARDON pour un manque d’attention. PARDON pour une pensée mal exprimée. PARDON pour tout ce qui t’aurait offensé, venant de moi. Encore PARDON !!! que Dieu nous protège et nous garde longtemps. »

Message 3 :

« Jour J-1 et 2014 ouvrira ses bras chargés de tous nos vœux. Pardon prends un seul : la santé. Je l’ai achetée très cher car elle te permettra de franchir les 365 défis de 2014. Bonne fête ! »

Ensuite dès les premières secondes de 2014, le bal des messages de vœux s’est officiellement ouvert.

Message 4 :

« Salut, soit fort car des personnes que tu connais très bien, qui venaient souvent te voir ont perdu la vie dans un accident cette nuit. Tu ne les verras plus jamais. Il s’agit de: Mlle difficulté, sa cousine souffrance, ses nièces: déception, jalousie, maladie, pauvreté et son copain Mr échec. Bonne Année 2014 à toi. »

Message 5 :

« Les pleurs font partie de la vie, bienheureusement les joies et les rires aussi. Alors serais-je à mesure de te prédire une année sans peines ? Certainement pas. Cependant je formule pour toi des vœux de santé et de stabilité. Que les profonds sillons laissés par les larmes de 2013 soient recouverts afin que sur ton visage le sourire radieux de l’espoir chasse l’amertume. Très bonne et heureuse année 2014 à toi et à toute ta famille. »

Message 6 :

« Dépôt effectué par un cœur rempli de joie et d’amour pour un montant de paix, joie, prospérité, longévité, progrès, réussite et santé de fer pour toi afin de savourer la nouvelle année 2014. Que l’année écoulée éponge nos soucis et nos peines. »

Message 7 :

« Bonne et heureuse année. Mes vœux les meilleurs ! Que DIEU te lave d’amour, te rince de santé, t’essuie de grâce, t’habille de paix, te chausse de longévité et te parfume de prospérité. Bonne fête 2014. »

Message 8 :

Voici votre voiture de marque « SUCCES » pour vos courses sur terre. Vous devrez la conduire avec persévérance, le courage sera vos pneus, la santé votre carburant, le bonheur votre siège, la réussite votre volant, la prospérité votre accélérateur, le pardon vos freins, la vigilance vos phares… LA FOI en DIEU est le moteur et la Prière, votre clé de contact… Bonne route pour ta réussite, que le seigneur te garde. Bonne et heureuse Année 2014.

Message 9 :

« Vœux de 2014 : Si tu te rends coupable d’infidélité en cette année, que toutes tes infidélités se transforment en grossesse. Si tu as cœur, faut dire Amen ! Tu n’as pas dit que tu aimes douahou… »

Et pour clore la sélection, un dernier qui vous permettra de vous retrouvera dans l’une de ses catégories.

Message 10 :

« Le match « 31 décembre 2013 » a enfin livré son verdict. Hommes doublés 29% ; femme doublées 56% ; relations brisées 38% ;  nouvelles rencontres 47% ; personnes partis à l’église 31% ; personnes partis au show  44% ; personnes restés à la maison 25% ; garçons ayant découvert femme 26% ; femme ayant découvert garçon 24% ; préservatifs utilisés 91% ; poches vides 95%. Toi tu t’es retrouvé dans quel (s) cas ? »

Je réitère à nouveaeu mes remerciements à tous ceux et celles qui ont bien voulu m’inclure dans leur chapelet de vœux, je vous en souhaite autant, dans la santé et le succès.

A vous les visiteurs de bien vouloir rajouter en commentaire les éventuels messages de vœux qui auraient retenu votre attention.

Tawakkal


Côte d’Ivoire : Quelques enseignements du 24 Décembre 1999

24 décembre 1999, il y a 14 ans, la Côte d’Ivoire a fêté un noël particulier : la chute de Bédié. J’étais à peine au collège, nous avons dansé, nous avons chanté à travers les rues de la ville. On ne savait pas trop ce qui se passait, mais on voulait partager la joie de nos parents, on voulait faire comme ces personnes qu’on voyait à la télévision, dans les rues d’Abidjan. Presque toute la Côte d’Ivoire a célébré l’arrivée d’un père noël particulier. Vêtu en tenue militaire, il s’était munit d’un balai ; pour balayer Bédié, et  assainir la Côte d’Ivoire. Que pouvons-nous retenir de ces épisodes de notre histoire ?

Retour sur les faits

Nuit du mercredi 22 au jeudi 23 décembre 1999 :

Un petit groupe de soldats s’empare, sans difficulté, de la poudrière du camp d’Akouédo, sur la route de Bingerville, à l’est d’Abidjan. À la tête du commando, les sergents-chefs Souleymane Diomandé et Boka Yapi, épaulés par les caporaux Issa Touré, Neman Gnepa, Oumar Diarra Souba et Yves Gnanago. Les six hommes ont en commun de bien connaître les lieux – ils appartiennent à une unité d’élite, la Force d’intervention rapide des paras commandos (Firpac) – et d’être des vétérans de la Minurca, la Mission des Nations unies en République centrafricaine, créée en mars 1998 par le Conseil de sécurité pour ramener la paix en Centrafrique.

Après avoir pris le contrôle du dépôt d’armes, les militaires tirent des rafales en l’air, provoquant un début de panique dans la caserne. Le capitaine Crépy, lui aussi ancien de la Minurca, mais bête noire des soldats, reçoit de sa hiérarchie l’ordre de mater ce qui apparaît comme une mutinerie. Les « Six » tentent alors un coup de bluff : ils affirment disposer d’une centaine de partisans puissamment armés et menacent, en cas d’attaque, de faire sauter la poudrière, au risque de détruire non seulement la totalité du camp, mais aussi une partie de la ville d’Abidjan. L’argument se révèle dissuasif. L’audace des mutins séduit leurs camarades, qui rallient en masse le mouvement. Akouédo bascule…  Les auteurs de cette opération spectaculaire, qui ont séjourné onze mois à Bangui, entendent obtenir le paiement d’arriérés de soldes et de primes et, au-delà, l’amélioration de la situation des hommes du rang. « Certains de nos chefs prélevaient une dîme sur les 5 000 F CFA que l’ONU nous versait quotidiennement lorsque nous étions là-bas », s’indigne le caporal Oumar Diarra Souba. Le caporal Issa Touré va plus loin : « Nous entendions également profiter de l’occasion, explique-t-il dans un français impeccable, pour protester contre les brimades et les injustices dont nous autres, hommes du rang, sommes victimes, depuis plusieurs années, de la part de certains de nos chefs. Par exemple, l’avancement ne se faisait plus au mérite et à l’ancienneté, mais selon des critères ethniques. » (1)

C’est le début des évènements qui se aboutiront le 24 décembre, au le renversement de l’un des régimes réputés les plus stables du continent.

Vendredi 24 décembre 1999 :

Abidjan est en proie à des pillards. Civils et militaires réquisitionnent des véhicules et disparaissent dans la nature. Les rares magasins épargnés la veille sont copieusement pillés.

Aux environs de 7 h 30, deux soldats, dont le sergent Diomandé, pénètrent dans les locaux de Radio Nostalgie, au Plateau. Ils exigent du directeur de la programmation, Yves Zogbo, qu’il diffuse un communiqué « pour deman­der aux gens d’arrêter les pillages ». Zogbo se saisit du micro et informe les auditeurs que « pour des raisons techniques », il est obligé d’interrom­pre momentanément les programmes. « Pas pour des raisons techniques, pour des raisons militaires », précise, dans son dos, le sergent Diomandé, qui se présente comme « le coordonnateur du mouvement ».

Presque au même moment, Bédié reçoit quatre mutins conduits par le « sergent IB », ancien moniteur de sport et ancien membre de la garde rapprochée du Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (1990-1993). Le chef de l’État est entouré du Premier ministre, du président de l’Assemblée nationale, Émile Brou Amoakon Atta, du ministre de la Défense et du major-colonel Doué, qui sert, depuis le début des événements, d’interface entre les mutins et le pouvoir.

Le sergent égrène les doléances des mutins. Le président lui répond que ceux-ci ne seront pas sanctionnés s’ils acceptent de regagner « immédiatement » leurs pénates. Mieux : il s’engage « personnellement » à examiner leurs revendications avec « bienveillance ».

Un nouveau rendez-vous est fixé. Mais il est déjà beaucoup trop tard. La capitale économique est plongée dans l’anarchie, et le sort du régime paraît scellé.

Vers 11 heures, des dizaines de militaires puissamment armés font irruption à Radio Nostalgie, dont le directeur, Ahmed Bakayoko, est un proche parmi les proches de Ouattara. « Le général va faire une déclaration », lancent-ils. Le général – il s’agit évidemment de Robert Gueï – descend d’une Nissan Patrol, s’engouffre dans l’immeuble et se dirige vers les studios. « Il m’a salué et m’a informé qu’il avait une déclaration à faire, raconte Zogbo. Il s’est installé, je lui ai placé un casque sur la tête et il a lu son discours. »

Gueï, qui se présente comme le « porte-parole » des insurgés, annonce la destitution du chef de l’État, la dissolution de l’Assemblée nationale (où le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, au pouvoir depuis l’indépendance, dispose d’une écrasante majorité), du gouvernement, du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême. « Les jeunes mutins se proposent de vous présenter un Comité de salut public de la République, dont la composition sera annoncée dans les heures qui suivent », déclare-t-il. Un Comité national de salut public (CNSP) de neuf membres – tous militaires – sera effectivement constitué dans la journée. Dans les rues d’Abidjan, l’explosion de joie est immédiate : « Bédié est tombé ! Gueï président ! » hurle la foule. Ici et là, des femmes exécutent un mapouka endiablé. Dans les quartiers populaires, la bière coule à flots. Des soldats se rendent à la Maca, la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Après avoir défoncé le portail, ils libèrent les responsa­bles et militants du Rassemblement des républicains (RDR, opposition libérale, le parti de Ouattara) incarcérés depuis le mois d’octobre. Des milliers de droits communs, parmi lesquels de dangereux criminels, en profitent pour se faire la belle. (2)

La Côte d’Ivoire vient de connaître son premier coup d’état, place à la transition.

https://www.youtube.com/watch?v=rgpTy_FibXo

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Après la disparition du père fondateur, la présidence de la République est revenue au président de l’Assemblée Nationale, SEM Henri Konan Bédié. Malgré ses atouts agricoles, la Côte d’Ivoire s’enfonce dans la crise sous le régime particulièrement corrompu du nouveau président. La Côte d’Ivoire est secoué par des crises multiples ; d’ordres sociales, économiques et politiques. Et une personne cristallise à lui seul la quasi-totalité des frustrations et tensions découlant de ces crises : le Président de la République, SEM Henri Konan Bédié. Je me souviens que certains disaient à l’époque « à cause de Bédié on ne mange plus du riz. ». J’ai été aussi témoin de certaines scènes, dans cette ville où nous n’avions qu’une seule chaine de télévision, certains éteignaient leurs postes téléviseurs à chaque apparition du Président Bédié. C’était un désamour profond entre le président et les populations qui pour la majorité l’avaient porté au pouvoir. A cette période l’on a assisté à des grèves massives d’étudiants, au boycott des livraisons de cacao par les planteurs en colère, sans oublier les marches pro-Ouattara.

En effet dès 1995, Bédié a mis sur pied une politique raciale fondée sur « l’ivoirité », établissant une distinction entre les Ivoiriens de souche et les « étrangers ». Cette politique lui permet d’écarter de l’élection présidentielle Alassane Ouattara, un opposant politique, en évoquant son origine burkinabé. Cette décision a suscité la colère de l’opposition et la frustration de bon nombre d’Ivoiriens. Par la suite, le président démet le général Robert Gueï de ses fonctions, alors chef d’État-major des armées. La situation est tendue, davantage sur le plan politique en cette fin de 1999. C’est pour détendre cette atmosphère que le président Bédié était entendu le 22 décembre 1999 devant l’assemblée nationale. Certains espèrent que ce discours devant l’assemblée serait l’occasion d’annoncer une amnistie pour les dirigeants de l’opposition incarcérés, au nombre Henriette DIABATE. D’autres s’attendent à l’annonce d’une réforme de l’université. Mais au finish Bédié a servi aux députés, aux membres du gouvernement et diplomates présents, un discours pour le moins mitigé. L’on attendait un train de réformes, il faudra se contenter d’un discours électoral avant l’heure. L’on a espéré des décisions pour désamorcer la crise, il n’y aura que des invectives contre les « fauteurs de troubles », c’est-à-dire une grande partie de l’opposition, et contre « certains esprits chagrins de l’extérieur ». C’est donc un Bédié enfermé dans ses certitudes, dans son arrogance qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’expérience du coup d’état.

Quels enseignements du coup d’état de 1999 ?

14 ans plus tard, avec le recul, chacun s’est fait une opinion sur ces évènements, chacun peut y tirer des enseignements. Il faut d’ailleurs que chacun le fasse en toute objectivité, puisque nous ne sommes pas encore sortis de ces crises. Ma foi, c’est notre capacité à tirer les leçons du passé qui nous mettra à l’abri des tragiques répétitions de l’histoire. Pour ma part, j’estime qu’une première leçon est l’impératif de la bonne gouvernance.

Nous ne sommes plus dans les années 1970, où les populations restaient indifférentes à la corruption des dirigeants. De nos jours aucun peuple ne peut tolérer pendant longtemps la mal gouvernance. Ceux qui aspirent au pouvoir pour se servir devront  changer leurs approches ou céder la place.

Ensuite un autre enseignement est que le peuple ne se satisfait plus des promesses, mais attend du concret. Il est bon d’annoncer des performances macroéconomiques, mais le citoyen doit ressentir la croissance dans son quotidien, dans son assiette.

L’un des enseignements majeurs de cet épisode est la nécessité de préserver la cohésion. Il ne faut surtout pas céder à cette facilité périlleuse qui consiste à manipuler, à opposer les groupes ethniques voire religieux. La Côte d’Ivoire garde encore de profonds stigmates de cette politique xénophobe. Le débat politique doit s’articuler autour des valeurs intrinsèques des acteurs, et non sur la base de considérations ethniques, religieuses ou régionalistes.

Enfin il faut à la tête de nos Etats des hommes d’Etats. Des leaders aussi sage pour éviter la floraison des crises,  qu’intelligents pour résoudre les crises lorsqu’elles naitront. Pour ce faire l’accession à la magistrature suprême ne doit pas être le fruit d’un accident, ou d’un arrangement, mais la conséquence d’un parcours, l’adhésion effective des populations.

Joyeux noël à toutes et tous !!!

Tawakkal

Notes: (1) & (2) Ces paragraphes sont issus de l’article de Jeune Afrique : « Le coup d’état de noël à Abidjan: le film des évènements«