tawakkal

Côte d’Ivoire : Avant de penser aux « Etats généraux de la République », organisez d’abord les « Etats généraux de la refondation »

Depuis quelques jours l’on parle d’un remède miracle sur les bords de la lagune Ebrié, celui-ci selon ses prometteurs est censé nous ramener à une Côte d’Ivoire réconciliée. En effet dans un document de 33 pages, le Front Populaire Ivoirien a dévoilé un projet baptisé  » Réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, Dialogue politique et États généraux de la République« . Ce document décrit selon l’ancien parti au pouvoir la situation actuelle du pays et défends l’organisation des Etats généraux de la République comme l’ultime solution. A priori cette démarche du FPI est salutaire, mais comment ne pas s’interroger sur la sincérité de ces personnes qui veulent balayer devant la porte de leurs voisins tandis que les ordures ont élu domicile dans leur chambre ?

C’est le 7 septembre 2013, lors de la passation de charge entre lui et son intérimaire Miaka OURETO, que Pascal Affi N’GUESSAN avait brandi cette idée. Pour  le Président du FPI, cette proposition de forum national inclusif faite au pouvoir Ivoirien est le seul moyen de ramener la réconciliation entre les Ivoiriens et la paix en Côte d’Ivoire après la crise post-électorale de 2011. A cette offre du FPI, le Président Alassane OUATTARA a déclaré ne pas percevoir l’intérêt de ce projet, si bien qu’il a invité le FPI à se mettre au travail : « Je voulais que les journaux les informe, qu’ils se mettent au travail. Ce serait plus utile que de vouloir faire des réunions. Les ivoiriens veulent leur amélioration du quotidien, des mesures, des infrastructures, la cohésion nationale, le rassemblement. Mettons nous tous au travail, plutôt que d’avoir des partis politiques qui vont se réunir pour bavarder et distraire tout le monde… Le FPI gagnerait à préparer les élections de 2015. ».  Voilà une réponse qui a le mérite d’être claire, sans faux-fuyants. En effet rares sont les observateurs de la scène politique Ivoirienne qui accorde du crédit à cette nouvelle trouvaille du FPI.

Avant toute chose il faut ramener le FPI à son bilan

Pour ma part, j’estime que le FPI se trompe sciemment ou inconsciemment de priorité. Avant de voler au secours du Président comme le prétend Affi N’GUESSAN, il aurait fallu voler d’abord au secours du FPI. Je suis de ceux qui réclament un bilan honnête des refondateurs du FPI qui ont porté Laurent Gbagbo, au pouvoir en octobre 2000. Quel est le résultat de leur gestion du pouvoir politique, économique et institutionnelle ? Que reste-il des dix années qu’ils ont passées à la tête de la Côte d’Ivoire ? Nous avons le droit d’exiger d’eux le bilan des actions qu’ils disent avoir mené pour le bien des ivoiriens. Des milliers d’Ivoiriens sont morts dans les pogroms et une chasse à l’homme dans lesquels des femmes furent violées, des hommes furent égorgés comme du bétail. D’autres furent brûler vifs sur le bûcher de la haine interethniques. Beaucoup d’ivoiriens ont perdu leurs biens, maisons plantations et autres. On ne peut pas passer tout cela par perte et profit dans une sorte de règle comptable sans aucune explication. Tous ces morts, toutes ces victimes nous interpellent pour que le Président de la République de l’époque et ses amis frondeurs, frontistes et refondateurs donnent des explications aux ivoiriens. Le FPI doit s’expliquer, et répondre à nos questions :

– L’une des grandes questions que je me pose aujourd’hui encore, est de savoir s’il était vraiment utile de rompre les équilibres fragiles de la nation pour promouvoir une identité nationale ivoirienne ou ivoiritaire? Quel sens donner au silence du FPI devant les tracasseries administratives dont étaient victimes des ivoiriens originaires du nord de la Côte d’Ivoire ?

– N’était-il pas plus simple de poser le problème de la nationalité et de le résoudre dans un dialogue national utile pour que les conditions d’attribution de la nationalité ne conduisent pas le pays à une guerre fratricide et inutile ?

– Les concours d’entrées à l’ENA, qui se vendent et s’achètent à la vue et au su de tous au point ou le Président GBAGBO, est allé lui-même sur les lieux pour dénoncer cette forfaiture. Ne pouvait-il pas diligenter une enquête et arrêter tous ces truands pour les livrer à la justice ?

– Les concours de l’école de police ou les 75% des candidats admis appartiennent curieusement au groupe ethnique bété est sous nos yeux pour étaler les turpitudes d’une refondation atteinte par cette maladie égoïste et ethnocentriste que nous avons reproché en son temps au PDCI-RDA.
– Pourquoi n’avoir pas renégocié en douceur les accords de coopération avec la France au lieu d’une attaque frontale avec un adversaire dont on connaît la capacité de nuisance ?

– Concernant les déchets toxiques. C’est quand même incroyable que ce soit en Côte d’ Ivoire qu’un bateau que personne ne voulait dans son port arrive à Abidjan pour y déverser son poison pour contaminer et tuer les ivoiriens dans un laisser faire total des autorités. C’est cela la refondation qui veut encore solliciter les suffrages des ivoiriens ? Soyons sérieux messieurs les refondateurs.

– Je trouve choquant le fait que jusqu’aujourd’hui, on ne sait pas encore avec exactitude qui est le propriétaire de la société Tommy, qui était le destinataire abidjanais des déchets toxiques. C’est quand même incroyable. Quel est donc ce pays bizarre où on peut aller déverser du poison et tuer gratuitement des familles entières dans une opacité totale?

Est-ce de la négligence, de la naïveté ou alors de l’inconscience ? Affi N’GUESSAN et Les refondateurs doivent chercher eux-mêmes les réponses qui conviennent pour expliquer cette situation paradoxale qui a terni une bonne partie de leur crédibilité politique auprès des populations.

Pensent-ils nous embarquer dans une autre aventure sans un début de réponse à tous ces questionnements ?

Que devient alors le dialogue direct ?

Il ne faut pas se tromper sur le compte du Front populaire ivoirien (FPI). Ce parti qui excelle dans le jeu du boulanger qui roule ses adversaires dans la farine ne changera pas. En effet, depuis la fin de la crise postélectorale, le parti à la rose ruse avec le processus de paix et de réconciliation nationale en volant de trouvailles et trouvailles. Invité, en effet, dans le Cadre permanent de dialogue, creuset d’échanges et de discussions entre le gouvernement et l’opposition pour trouver des solutions aux problèmes politiques, l’ancien parti au pouvoir a refusé la table de négociation. Raison évoquée : le FPI, selon son président intérimaire d’alors, Miaka OURETO est le «principal parti d’opposition» qui ne doit pas être traité au même titre que les « petits » partis. Le parti bleu a donc exigé et obtenu un dialogue direct avec le pouvoir. A côté des négociations du cadre permanent de dialogue où siègent 11 partis de l’opposition, le gouvernent a initié des pourparlers avec l’ex-parti au pouvoir. A la fin du mois de janvier 2013, les deux parties se sont retrouvées pour mettre en place des commissions qui ont planché sur les questions relatives à la sécurité, au jeu démocratique, à l’Etat de droit et à la réconciliation nationale. Alors que les choses avançaient bien, les négociateurs du FPI qui ne voulaient certainement pas qu’elles aboutissent ont appuyé sur le bouton de la mauvaise foi. Et le dialogue s’est noyé dans le fleuve des préalables des anciens dirigeants de la Côte d’Ivoire. En plus de réclamer une amnistie générale à l’effet de libérer tous les prisonniers de la crise postélectorale, le FPI a exigé la nomination d’un médiateur. Au quel cas, il claque la porte. Le dialogue direct comme espéraient les envoyés de la maison bleue a pris du plomb dans l’aile et a même été rompu. Pendant que pour le pouvoir il est question de remettre les discussions au gout de jour, Affi N’GUESSAN, qui a repris, après sa sortie de prison, le fauteuil de président du parti créé par l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, a remis tout en cause. Avant de sortir de son chapeau « les états généraux de la République ». Attendu donc le mardi 24 septembre à la primature pour la reprise du dialogue, il a brillé par son absence. Laissant la main à Dano DJEDJE de conduire la délégation du FPI. Dans cette veine, que fait-on de ce dialogue direct ? Les états généraux de la République doivent-ils se tenir sur ses cendres? «D’un côté, nous continuons le dialogue direct, pour régler les conséquences liées à la crise que nous avons connue de l’autre côté, nous proposons l’ouverture d’un débat national, les états généraux de la République pour débattre des problèmes beaucoup plus en profondeur », a tenté de répondre Dano DJEDJE. Une pirouette qui ne tient visiblement pas la route. Pourquoi vouloir autant de tribunes pour régler des problèmes déjà connus? Sommes-nous encore dans la diversion ? Les interrogations fusent devant l’idée et surtout les manœuvres du FPI et de son président. En tout cas, Il s’agit d’être sincère sur le chemin de la restauration de la paix en Côte d’Ivoire et non de tourner en rond avec une multitude de tribunes. (1)

L’instauration du dialogue direct entre FPI et le Gouvernement a été un long parcours, et j’ai été de ceux qui ont appuyé cette proposition du FPI, croyant en la sincérité des refondateurs. Mais hélas, le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir, ce parti à procéder ainsi depuis sa création.

Pour finir, je rappellerai à nos frères du FPI, que la charité bien ordonnée doit commencer par soi-même. Il doit en être ainsi pour les Etats généraux. Avant de penser aux Etats généraux de la République, il urge d’organiser les Etats généraux de la refondation.

– Les refondateurs nous avaient promis d’organiser une vie de dignité chez nous. À travers l’organisation de notre propre activité de production pour bâtir une nation en notre faveur. Nous y avons crus et ils ne furent même pas capables de retirer les ordures ménagères de nos rues. Le district d’Abidjan et les mairies se disputaient comme des chiffonniers sur les compétences et le financement de la collecte des ordures qui pourrissaient sous nos yeux pendant des mois et des années.

– La refondation nous avait promis de faire en sorte que la richesse nationale, déjà insuffisante, produite par la majorité de la population, ne soit plus accaparée par une minorité, dont le niveau de vie insulte la pauvreté croissante du malheureux peuple ivoirien.

– Elle nous avait promis la fin du racket, du tripatouillage, de la magouille politico affairiste, les surfacturations, les attributions de contrats d’Etat sans appels d’offres. Et pourtant le contrat avec l’opérateur SAGEM, avait été attribué sans appel d’offre. Les refondateurs se sont coupés du peuple qui les a élu pour habiter le cite paradisiaque de l’île Boulay, ils ont fait étalage de résidences et de voitures luxueuses en peu de temps dans un pays où la majorité des citoyens ont de la peine à manger, n’était-ce pas une indécence qui frôle l’inconscience et trahit en même temps les idéaux de la refondation Gbagboïste qui nous promettait le paradis sur terre ?

– Nous avons voulu croire que l’université sous le régime de la refondation sera un lieu de socialisation, un lieu de liberté, de formation et de diffusion du savoir, un lieu de promotion de la recherche scientifique et technique elle fut malheureusement un stade d’affrontement, de conflits fratricides et autres combats sanglants à la machette où des bûchers d’inquisition y étaient élevés pour brûler ou tuer ceux qui avaient le malheur de penser autrement.

– Les refondateurs sur le terrain de la gestion des ressources agricoles et financière pouvaient éviter à notre pays le minable laxisme l’amateurisme indigne de la bande de copains dans la gestion de la filière Café, cacao. Cela reste et demeure pour nous tous une gabegie impardonnable.

Allons aux Etats généraux de la refondation, maintenant !!! . Le FPI y gagnera en premier, les ivoiriens seront soulagés, et la Côte d’Ivoire aura enfin la force pour tourner cette page sombre.

 Tawakkal

 Note:

(1):  Ce paragraphe intitulé « Que devient alors le dialogue direct? » est une contribution de M. Lacina OUATTARA dans les colonnes du quotidien « Le Patriote »

 


Côte d’Ivoire : 20 ans d’hommage à Felix Houphouët BOIGNY, quel bilan ?

7 Décembre 1993- 7 Décembre 2013, voilà 20 ans jour pour jour que le père fondateur de la nation Ivoirienne tirait sa révérence, après trente et trois (33) ans de règne. Depuis lors cet illustre disparu a fait l’unanimité des hommages, chacun revendiquant son héritage et s’affichant comme l’épigone de son œuvre. Mais que pouvons-nous retenir de tout cela ?
Ce 7 décembre 1993, donc, un homme, « un grand homme qui avait traversé presque le siècle, un homme ordinaire qui a fait des choses extraordinaires », selon l’Ambassadeur Jean Vincent Zinsou, s’en est allé, laissant une nation, fortement secouée par sa disparition, livrée à elle-même du moins aux « appétits » voraces du pouvoir de ses « fidèles » lieutenants qui se réclament tous de lui, sans avoir son génie encore moins son charisme ou son don de soi. (1)

Après un deuil national de deux mois (du 7 décembre 1993 au 7 février 1994), le 7 février 1994, 27 chefs d’état africains et européens, des représentants de cent vingt autres pays, des hautes autorités de la planète se joignent aux Ivoiriens, toujours affligés, pour rendre un « ultime » hommage au « Vieux » à la Fondation pour la recherche de la paix qui porte son nom à Yamoussoukro avant l’inhumation dans «l’intimité » au cœur de la résidence privée qui deviendra, un lieu de pèlerinage. Fini les cérémonies funéraires, la Côte d’Ivoire doit apprendre à vivre sans le « Vieux », une épisode qui se révéla périlleuse. La guerre de succession que se sont livrée ses héritiers a contribué à balafrer la Côte d’Ivoire qu’il a bâtie avec des valeurs comme, la fraternité, l’unité, l’amour, le pardon, la paix et le dialogue qu’il a érigé en seconde religion. Des entrailles du parti politique (le Pdci-Rda) qu’il a fondé, est sortie une multitude de partis dont les principaux restent le Rdr, l’Udpci, et l’Udcy. La Côte d’Ivoire, même, est rentrée dans un cycle de violence jamais connue. Un coup d’Etat (1999), une rébellion (2002-2010) et une meurtrière crise postélectorale (2011) ayant occasionné 3000 morts et des centaines de milliers d’exilés ont dû faire retourner le « Bélier » de Yamoussoukro dans sa tombe. (2)

Une tombe sur laquelle se sont recueillis le samedi dernier (07/12/2013) des milliers d’Ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire dans le cadre des cérémonies commémorant le 20ème anniversaire du décès du « Père fondateur ». en tête de cette commémoration Alassane OUATTARA , Président de la république de Côte d’Ivoire, celui qui il y a 20 ans était Premier Ministre. Les acteurs politiques, les artistes, les citoyens Ivoiriens ont participé à cet évènement. Cette ainsi que les communicateurs Houphouetistes ont organisé une exposition photo pour retracer la vie et le combat de Félix Houphouët BOIGNY.

https://www.youtube.com/watch?v=MwndHnPKh2g
Au nombre des contributions à cette commémoration nous avons également celle de l’ancien Premier Ministre Charles Konan BANNY sur le site d’information Jeune Afrique.
Pour ma part je trouve salutaire l’œuvre du « Père Fondateur », quoique j’estime qu’il aurait pu mieux gérer sa succession. Car toutes les crises qu’a connu la Côte d’Ivoire tire leurs sources de la guerre de succession qui a suivi la disparition du « Vieux ». Une succession apaisée aurait parachevé son œuvre louable à la tête de la nation Ivoirienne, encore fallait-il que celle-ci se fasse de son vivant. Cela dit, les successeurs de Félix Houphouët BOIGNY doivent s’inspirer de son riche héritage pour sceller l’union autour de la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens dans toute leur diversité doivent se convertir à la religion du dialogue fondée par « Nanan », afin que nos différences loin de nous diviser nous enrichissent.
Pour finir, à l’occasion de ces 20 ans du décès d’Houphouet BOIGNY, une messe commémorative a été présidée à la Basilique notre dame de la paix par l’évêque de Yamoussoukro. Au cours de son homélie, Monseigneur Marcellin KOUADIO a livré un remarquable message de circonstance, en présence du président Alassane Ouattara, du président Henri Konan Bédié, des présidents des institutions nationales, de nombreux membres du gouvernement et de très nombreux membres de famille et proches du défunt président. Retrouvez ci-dessous quelques extraits :
« Permettez qu’à partir d’une méditation inculturée, je m’adresse à lui (Houphouët) au nom des sans-voix. Car en Afrique, les morts ne sont pas morts. En outre, les familles de la terre communiquent avec celles de l’au-delà, d’où la vénération des ancêtres. Et cette foi des Africains ne contredit pas la foi chrétienne qui intègre la communion des saints, la résurrection de la chair et la vie éternelle », a-t-il ainsi planté le décor, avant de poursuivre : « (…) Oui Nanan (appellation de chef en langue locale, ndlr), tu nous l’avais dit et je cite : « le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu (…) » Oui, depuis le 7 décembre 1993, jour où tu nous as quittés, ton peuple a perdu le vrai bonheur. Et depuis lors, la Côte d’Ivoire, notre chère patrie, s’est asservie aux mensonges, à la violence et aux crimes ».
L’homme de Dieu fera savoir que la belle Côte d’Ivoire, jadis enviée parce que prospère, est aujourd’hui défigurée et meurtrie par de multiples crises militaro-politiques dont les raisons profondes restent encore à élucider. « La dernière en date a fait officiellement, semble-t-il, 3000 morts. La rébellion de 2002 a fait une foule innombrable de victimes. Curieusement, Nanan, ceux qui mentent et tuent croient servir ainsi la Côte d’Ivoire. Les innocents dont les droits sont bafoués sont déclarés coupables, d’où le nouveau concept de la culpabilité collective doublé de la culture de l’impunité où les médiocres sont célébrés. Certains de nos jeunes revendiquent fièrement le statut d’ex-combattants afin d’être récompensés. Et dans cette situation trouble, les ressources de notre pays sont livrées en pâture aux prédateurs. Notre mère patrie, humiliée et meurtrie, est traitée comme une fille de joie. Oui, la Côte d’Ivoire est traitée, contre sa volonté, comme une péripatéticienne. Le temps, pour ainsi dire, vient de te donner raison : « la paix, ce n’est pas un vain mot, mais un comportement » (…) Malheureusement, bon nombre de tes enfants qui prennent ton nom mais n’ont pas ton esprit, préfèrent la guerre à la paix, la mort à la vie, le mensonge à la vérité, l’aumône au travail, etc. Nanan, aujourd’hui, jouissant de ta double nationalité de citoyen du monde d’ici-bas et de l’au-delà, aide nous a renouer avec la paix. De là où tu es, prie pour nous », a-t-il conclu son compte rendu à Houphouët-Boigny, avant d’appeler les Ivoiriens à prier pour la paix. « Chers frères et sœurs, hommes et femmes de bonne volonté, demandons au seigneur Jésus, le Roi des rois, d’accorder à notre pays la grâce de la paix par la réconciliation vraie, qu’il touche le cœur des bourreaux et prenne en pitié les victimes de ces multiples crimes (…) Les Ivoiriens parlent de paix et de réconciliation, mais combien sont-ils qui désirent vraiment la paix ? », s’est-il interrogé. (3)

Il donnera par la suite sa recette pour une réconciliation vraie entre les Ivoiriens : « Pour que la Côte d’Ivoire renoue avec la paix, je verrais humblement, pour ma part, les présidents Ouattara et Gbagbo faire la paix au sommet, et une fois réconciliés, qu’ils demandent pardon à leurs militants et aux Ivoiriens qui, à leur tour feront la paix. En Dieu, cela est encore possible pour le bonheur de tous ». Bien qu’ayant visiblement gêné les nombreuses autorités du pays présentes, ce prêche qui a jeté dans l’église un lourd silence, a été longuement applaudi par l’assistance.(4)

Ma foi le meilleur hommage que nous puissions rendre à Félix Houphouet BOIGNY est nous approprier les valeurs qu’il a incarné avec tant de fidélité. Que chaque fille et fils de la terre d’Eburnie se convertisse à la réligion de dialogue du « Père Fondateur ».

Vive la Côte d’Ivoire, « Nanan » repose en Paix!!!

Tawakkal

Notes: 

(1) & (2) : Extrait de Alassane Ouattara « ressuscite » Houphouët-Boigny, 20 ans après sa mort

(3) et (4) : Extrait de Commémoration des 20 ans du décès d’Houphouët-Boigny : L’évêque de Yamoussoukro dit ses vérités aux hommes politiques



Au Mali un général « 4 étoiles » conduit manu militari devant une justice sans étoile

Dans cette matinée du 27  novembre 2013, l’actualité du continent africain était marquée par le nom d’un général, pas n’importe lequel, un général 4 « étoiles » du côté de Bamako : le général Amadou Sanogo. Les dépêches des différents médias nous ont d’abord informés de son interpellation, puis de son inculpation pour assassinats et complicité d’assassinats. Comment en sommes-nous arrivés là ? Où va la justice malienne ?

Le 22 mars 2012, alors que les groupes islamistes et les rebelles touaregs avaient entamé une progression fulgurante vers Bamako, un groupe de jeunes officiers et hommes du rang issus du corps des bérets verts renversent le président Amadou Toumani Touré. A la tête des putschistes l’obscur capitaine Amadou Sanogo : le Mali est alors plongé dans deux graves crises. Pour en sortir, la communauté internationale s’active, la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) notamment, mais l’on s’active aussi à l’interne. C’est ainsi que le 30 avril 2012 des militaires parachutistes communément appelés bérets rouges ont tenté sans succès un contre coup d’Etat. Cet échec s’est soldé par l’arrestation de plusieurs dizaines de ces bérets rouges. Certains seront torturés à l’électricité, d’autres sommairement exécutés ou portés disparus. Après quoi le 22 mai 2012 un accord international sous l’égide de la Cédéao a accordé au capitaine Sanogo le statut de chef d’Etat.

Clopin-clopant le Mali est sorti de la crise par la voie des élections avec l’accession au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita. Bien avant l’opération Serval est passée par là, et pendant ce temps loin des champs de combats le capitaine Sanogo a été promu au grade de général de corps d’armée. En fin septembre 2013, une mutinerie a éclaté dans le camp de Kati où le général régnait en maître absolu, ses compagnons réclamant eux aussi des promotions. A la suite de cette mutinerie, certains militaires mutins ou leurs proches ont disparu. D’autres ont été retrouvés morts, alors que d’autres encore auraient été torturés à l’électricité. Les autorités maliennes ont alors demandé au général Sanogo  de quitter son fief de Kati, il s’exécuta rapidement. Que d’incohérences, que de zones d’ombre, que d’épisodes macabres dans l’histoire récente du Mali.

Pendant ce temps la justice malienne semble vouloir sortir de sa torpeur d’antan, elle s’intéresse notamment au général Sanogo. Des proches du chef de l’ex-junte sont notamment soupçonnés de crimes et de tortures. Le général est convoqué devant la justice le 19 novembre 2013,  mais il ne s’est pas présenté à ce rendez-vous, évoquant son statut d’ancien chef d’Etat qui lui donne droit à des égards. Ce refus m suscita beaucoup de réactions, au nombre desquelles celle du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR). Amadou Koita le porte-parole de cette coalition déclara : « Nous sommes profondément indignés du refus du capitaine Sanogo de répondre à la convocation du juge d’instruction (…) mais également de la complaisance du gouvernement ».

Le général Sanogo a été interpellé mercredi 27 novembre à Bamako par plusieurs dizaines de soldats.  En milieu d’après-midi, après un interrogatoire le juge Yaya Karembe l’a inculpé  pour assassinats et complicité d’assassinats. Qu’est-ce qui arrive à l’ex-homme fort de Kati ? On apprend qu’il doit-être détenu dans un lieu secret pour raisons de sécurité. Ce qui est sûr le gradé « 4 étoiles » est désormais devant une justice sans étoile.

A l’instar de la plupart des pays de la sous-région, la justice malienne est une plaie, un obstacle sur les sentiers de la bonne gouvernance. Espérons que cette justice se réveille et fasse son travail comme l’a dit l’entourage du juge d’instruction Yaya Karembe : « Nul n’est au-dessus de la loi au Mali… ». Il faut que cette affirmation se concrétise au profit de toutes les victimes. En effet le général Sanogo  est loin d’être le premier, encore moins le seul contre qui pèsent des soupçons de crimes au Mali. Que ce soit dans l’armée, les groupes rebelles,  l’administration et dans la classe politique, il existe de nombreuses brebis galeuses. La justice doit se donner les moyens pour rendre justice à tous, car  des procédures ou poursuites partiales pourraient fortement handicaper la marche de la jeune démocratie malienne.


Citation 4 : Xavier Fontanet

« Parmi les dirigeants, il y a ceux qui dirigent par le contrôle et ceux qui dirigent par la confiance. Les uns sont des dirigeants-managers et les autres sont des dirigeants-leaders. »
 Xavier Fontanet

Ma foi, Il est en effet plus facile de diriger par le contrôle, mais plus efficace par la confiance. C’est cette relation de confiance qui tisse un lien dense et irruptible entre le leader et ses collaborateurs.

Tawakkal